Quand le conceptuel a une âme…
La collection présentée à la Maison des Arts parvient à nous faire partager les ressentis de Christophe Veys.
Publié le 09-10-2020 à 14h58 - Mis à jour le 09-10-2020 à 15h01
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Ancien galeriste et collectionneur émouvant, Christophe Veys, schaerbeekois et fier de l’être, s’est tout naturellement retrouvé accueilli dans la somptueuse Maison des Arts de Schaerbeek, dont le rez-de-chaussée a, depuis quelques mois, retrouvé son lustre d’antan à la faveur d’une rénovation assortie de belles surprises.
L’invité a disposé, de manière assez radicale mais toujours très sensible, quelques rares œuvres dans chacune des salles. Peu, mais choisies de manière pointue et dynamique pour leur complicité avec les thématiques en exergue.
Collectionneur, Christophe Veys avoue ne pas vivre avec les pièces de sa collection ("pour rester libre", dit-il), lesquelles, après l’exposition, retrouveront leur "réserve". Pourtant, il les a élues une à une, parfois après concertation avec l’artiste et toujours en songeant aux liens qu’il pourra, le moment venu, créer entre ses choix, tout disparates qu’ils puissent être.
Disons-le tout net, l’art conceptuel n’est pas notre domaine enchanté et, le plus souvent, nous n’y trouvons, personnellement, qu’ennui et l’envie d’aussitôt passer à autre chose. Et pourtant !

Amour de l’art, amour tout court
Christophe Veys ne doit pas faire de grands efforts pour nous convaincre que ses pièces à conviction, il les a retenues sur des coups de cœur, "parce qu’il les lui fallait".
Cet homme qui a l’amour de l’art chevillé aux basques, a l’amour de la vie, des souvenirs, des êtres en communion avec les objets mais aussi les sensations, les pertinences, les évocations que ces pièces d’élection impriment en lui.
Pour Anne-Cécile Maréchal, l’une des chevilles ouvrières de la Maison des Arts, accueillir un collectionneur privé est une grande première : "Schaerbeekois, il est venu nous voir et la diversité des artistes proposés pour nos deux étages nous est apparue comme une opportunité."
La surprise est d’évidence au rendez-vous dès l’accueil : un grand carré doré et troué, de Klaas Kloosterboer, nous y attend et Veys d’expliquer : "Quand on tombe amoureux, il n’y a d’abord rien et puis les sentiments se mettent en place, génèrent des émotions… Cette pièce suggère l’au-delà du premier coup d’œil."
Dans la première salle, allouée aux "Sensations amoureuses", il y a, posées sur la cheminée de marbre blanc, "Des larmes pour… Christophe", de Myriam Louyest, puis un écho roumain à Cadere, pèlerin impénitent, des moulages d’alliances au lait qui vont s’effriter et qu’entretient un congélateur de contrebande, enfin une chemise blanche, de Sandra Przyczynski, étoffée de chaleur complice.
Impossible de tous détailler, de citer tous les artistes. L’essentiel n’est pas dans la particularité de chacun mais bien dans l’ambiance qu’ensemble ils génèrent, parce qu’il y a une âme, celle d’un Veys qui parvient à nous partager ses ressentis. Quelque chose de vibrant.
Ainsi du Grand Salon où, par la bande il évoque "L’amour que l’on reçoit", celui de sa grand-mère à travers un pastel de la fin du XIXe. Il fit partie de l’univers de son aïeule.
Ce pastel partage sa salle avec une toile de Bernard Gaube, une architecture en sucres de Detanico&Lain, une horloge ancienne marquant l’instant à ne jamais galvauder.
Il y a d’autres œuvres de mèche avec une thématique enveloppante. D’Edith Dekyndt, Myriam Hornard, Kudo Takahiro, Rosa Gudny Ingimarsdottir, Benoît Plateus, Pierre Bismuth…
"Tomber en amour", collection Veys-Verhaevert Art actuel Où Maison des Arts, 147, chaussée de Haecht, 1030 Bruxelles. Quand Jusqu’au 1er novembre.
