Bibliothèque Solvay : nouveau chapitre "arty" !
Au cœur du parc Léopold, la Bibliothèque Solvay se change en galerie d’art.
Publié le 12-10-2020 à 11h30
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Touché de plein fouet par la crise sanitaire, le secteur de l’événementiel est en souffrance. Fort heureusement, certains opérateurs ne manquent ni de réactivité ni d’inventivité pour envisager leurs reconversions. C’est dans cette perspective très singulière que la société Edificio (spécialisée dans la valorisation de lieux d’exception) s’est lancé le défi de transformer en galerie d’art la somptueuse Bibliothèque Solvay.
Cet ancien institut de sociologie, imaginé par les architectes bruxellois Constant Bosmans et Henri Vandeveld (la confusion avec Henry Van de Velde est courante), a vu le jour en 1902. Il se compose d’un espace central, autour duquel rayonnent une multitude de cabinets de lecture. Un bâtiment d’une beauté complexe et éclectique, qui passa à deux doigts de disparaître dans les années 80. Par chance, le site est classé monument historique en 1986 et remis en état par la Région de Bruxelles-Capitale et Citydev.brussels en 1994.
Depuis quelques années, sa gestion est confiée à la société Edificio, laquelle organise, sur demande émanant de sociétés, des dîners, des concerts et autres événements… Mais il faut se rendre à l’évidence : l’épidémie a changé les plans, effaçant de l’agenda tous les rendez-vous programmés. Vide et silencieuse, la grande salle n’attendait qu’une réaffectation salutaire. Défi lancé. Pari tenu !
Sortir de la torpeur
Depuis fin septembre, la Bibliothèque Solvay s’est transformée en galerie d’art. Le projet était en germe depuis plusieurs années. La pandémie en a été l’incubateur et l’accélérateur. "C’est notre mission : faire vivre des lieux de caractère comme la Bibliothèque Solvay. Nous devions, sans plus attendre, la sortir de sa torpeur. Nous désirions l’ouvrir, encore plus, au grand public, via une initiative culturelle. La galerie Triforium est l’incarnation de cette double volonté : soutenir le secteur culturel et ouvrir la bibliothèque à tout un chacun", explique Didier Goffart, P-DG d’Edificio.
Du côté du grand public, on se réjouit : les expositions temporaires nous apparaissent comme un fabuleux prétexte pour visiter ce lieu de caractère qu’on ne pouvait pénétrer qu’en de très rares occasions, notamment lors des Journées du patrimoine. L’affluence massive de visiteurs n’offrait cependant pas les meilleures conditions pour profiter du lieu et de ses mille détails. Le présent parcours - scindé en trois circuits - nous emmène à la découverte du bâtiment, de ses recoins, des petits cabinets de lecture, qui n’étaient plus visibles depuis plus de 25 ans.
"Notre philosophie ? Maintenir, conserver et transmettre ces lieux uniques aux nouvelles générations. Ouvrir une galerie d’art s’inscrit dans cette démarche d’ouverture au plus grand public possible. Le patrimoine est collectif et doit rester collectif", précise Didier Goffart.
Exposition inaugurale : Geert De Taeye
Répondant à l’actualité et à ces mois "confinés", Geert De Taeye (Malines, 1980) pose son regard sur notre présent, qu’il immortalise à travers différentes séries de photographies. Des ensembles de caractère qui traduisent souvent l’attente, le silence, la solitude, l’arrêt et la perte d’individualité qui se sont installés dans nos vies depuis mars dernier. L’artiste multiplie les références. On rencontre Le Caravage dans un clair-obscur ou encore Jérôme Bosch dans le caractère fantasmagorique de la composition. On reconnaît l’ascendance de David LaChapelle dans des mises en scène sophistiquées et des teintes saturées. On s’approche également de Jeff Wall dans ces clichés quasi documentaires, qui partagent la même simplicité et force de persuasion que le travail du Canadien. Coup de cœur pour ses vues des rues de Bruxelles qui, quelques semaines après le 11 mars 2020, se sont totalement vidées. Ne subsistent que quelques présences fantomatiques… Tellement symptomatiques.
Le parcours réserve également une chambre obscure qui offre un arrêt sur image. Le caractère sombre de l’espace offre une intimité qui invite à rencontrer l’œuvre du photographe dans toute son authenticité.
Geert De Taeye. Silence - "Staring into the middle distance" au Triforum, Bibliothèque Solvay, parc Léopold. 137 rue Belliard, 1040 Etterbeek. Jusqu’au 18 octobre, mercredi, samedi et dimanche de 14 h à 18 h, jeudi et vendredi de 17 h à 21 h. Entrée : 6-10 €. Rens. : www.edificio.be.