Donner à voir la musique ? Un défi très beethovénien

L'exposition "Hotel Beethoven" débute ce mardi au Bozar, à Bruxelles.

Martine D. Mergeay
Replica of Beethoven’s 1817 John Broadwood & Sons piano (Chris Maene, 2013), with a reconstruction of Beethoven’s Gehörmaschine. 
Developed and owned by the Orpheus Institute, Ghent, Belgium.
Replica of Beethoven’s 1817 John Broadwood & Sons piano (Chris Maene, 2013), with a reconstruction of Beethoven’s Gehörmaschine. Developed and owned by the Orpheus Institute, Ghent, Belgium. ©Pieter Peeters

Outre le génie, Beethoven eut ceci en partage avec Mozart (dont il n’était le cadet que de 14 ans) qu’il nourrissait une admiration inconditionnelle pour « Papa Haydn » et qu’il en avait hérité les formes parfaites du classicisme. L’un et l’autre purent donc s’emparer du langage musical à son point idéal d’aboutissement pour traduire, quasi sans filtre, leurs élans les plus intimes et les plus authentiques. Mais si Mozart inventa la musique des âmes, des sentiments, de l’amour (y compris à travers la critique de l’Ancien Régime), Beethoven n’eut de cesse de proposer directement un nouvel ordre anthropologique, social et politique, plus fraternel et plus juste, inspiré de la Révolution française, certes et malgré ses désillusions, mais aussi de la lutte contre les coups de son propre destin – dont sa surdité. Les deux trajectoires se rejoindront bientôt pour transformer cet artiste misanthrope et furibond en héraut de l’humanité (meilleure) de demain, le poème de Schiller mis en musique dans le finale de sa IXe Symphonie restant, au niveau planétaire, sa signature la plus célèbre et la plus populaire (quoique loin d’être la plus belle, avec tout le respect dû à son auteur). C’est donc sur un mythe que s’appuie l’exposition proposée aujourd’hui par Bozar. Mais comment, dans ce contexte, mettre le mythe en liaison avec la musique elle-même ? Les voies seront différentes, d’une « chambre » (on est dans un hôtel) à l’autre, toujours détournées, souvent éclairantes, parfois bouleversantes. A cet égard, le luxueux Hôtel Beethoven s’apparente, aussi, à une auberge espagnole…

Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...