Art et Marges a 10 ans et plus encore…
Embryon créé en 1984 sous le nom d’Art en Marge, la collection d’art différencié de la Ville de Bruxelles s’est étoffée, diversifiée…
Publié le 18-01-2021 à 16h35 - Mis à jour le 20-01-2021 à 17h18
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Une longue histoire. Plus vieille que les dix ans assortis du label Art et Marges Musée. Vers 1980, Françoise Henrion eut le regard titillé par les dessins d’une jeune fille présente dans un atelier artistique. Des dessins hors de l’ordre courant, qui quémandaient qu’on s’y attarde autrement qu’en passant. Ce qui lui donne l’idée de créer un lieu pour la présentation de semblable création en marge des canons habituels. C’est ainsi que commence le livre paru à l’occasion du jubilé actuel.
En 1984, Françoise Henrion, qui a pu convaincre la Cocof (Commission communautaire française) de soutenir son projet, lance un vaste défrichage de cette particularité créatrice, principalement émergée des ateliers peu ou prou liés au handicap, en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un art des fous, autre variante d’une création en marge. Ce n’est pas tout à fait de l’art brut non plus.
En 1986, la même Henrion ouvre son antre, à son tour très marginal, sa Galerie Art en Marge, située dans une maison rocambolesque, au 7 de la rue des Vierges - rue prédestinée ? - en plein centre de Bruxelles. Nous y avons vu de mémorables expositions en ces espaces réduits qui conféraient au lieu comme aux œuvres exposées assez en vrac, une évidente magie.
Avec l’aide de Gérard Preszow, la balle est dans un camp qui ouvre le regard sur le champ créatif en ses variantes. Nous nous souvenons, car inoubliables, d’expositions nourries d’audaces très particulières. L’expo de Francis Mar-shall notamment. Puis l’antenne Art en Marge émigra à la rue des Alexiens, au cadre plus restreint et moins percutant, pour finir à la rue Haute.

Carine Fol à la barre
En 2002, Carine Fol prit le relais de Françoise Henrion avec une volonté d’ouvrir l’expérience à d’autres attractions. Et notamment en associant les artistes des ateliers protégés avec des artistes professionnels. Il y eut des rencontres étonnantes, de nouveaux cheminements et aussi des mises en connexion pas toujours réussies. Art en Marge devint, du coup, Art et Marges, ce qui disait bien ce que cela changeait dans la perspective de nouvelles implications d’artistes venus d’univers très différents et pas seulement du monde du handicap.
Le beau livre paru à la fin 2020, Art et Marges Musée, rédigé par un collectif d’auteurs, de Tatiana Veress, l’actuelle directrice du lieu, à Carine Fol, qui le porta sur les fonts baptismaux dans son mode de fonctionnement plus actuel, de Gérard Preszow à Sarah Kokot ou Coline De Reymaeker, de Thibault Leonardis à Laurent Busine, Françoise Henrion et Caroline Lamarche, dit tout ce qu’il est bon de savoir sur une aventure qui regarde déjà vers l’avenir.
Caroline Lamarche pose les bonnes questions : "Nées de vies discrètes, parfois recluses…, de quoi ces œuvres sont-elles le signe ? Comment les faire résonner dans nos existences bavardes ? Dans quelle niche sensible ?"

Art brut et outsider : 200 œuvres
C’est un peu à ces questions et à leur mise en place au travers de la collection que répondent les œuvres retenues à découvrir du rez-de-chaussée à l’étage. 200 œuvres d’art brut et outsider avec leurs noms déjà bien connus et les découvertes à faire. Un parcours qui excite la curiosité et l’adhésion.
Nous regrettons l’espèce de mise en cage (comme en Afrique ?) de l’admirable maternité de la Sénégalaise Seyni Awa Camara, pièce majeure de la collection, mais c’est un détail. Car il faut regarder tout ce qui niche à l’entour et donne souvent à réfléchir.
Caroline Lamarche à nouveau : "L’art a soif du feu de nos regards et nous, qui regardons, du désir de prendre feu." Alors voici les carrousels animés de Léa Ricorday et Georges Counasse ; les souliers et dessins du cordonnier Juanna Gonzales, qui rêvait d’être artiste et peignit les semelles des escarpins ; les photos de Mario del Curto ; Michel Dave et ses écritures à la queue leu leu ; le mur de portraits de Paul Duhem ; les dessins d’Alexis Lippstreu ; les partitions de Magde Gil et de Martha Grünenwaldt ; l’espace Sylvain Cosyns, les Tontons hacleurs et tant d’autres.
Parcours à travers les marges Art contemporain Où Art et Marges Musée, 314, rue Haute, 1000 Bruxelles. www.artetmarges.be et 02.533.94.90 Quand Jusqu’au 25 avril, du mercredi au vendredi, de 12 à 18h. Le samedi, de 11 à 16 heures.
