Et le Congo dans tout ça ?
Ce photoreportage documente les défis affrontés par le Congo au temps du Covid-19.
Publié le 18-01-2021 à 17h07
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Onzième lauréat du Prix Carmignac du Photojournalisme, Finbarr O’Reilly a sélectionné une douzaine de photojournalistes congolais - autant d’hommes que de femmes - dessinant ensemble les contours d’un pays affrontant la pandémie.
Mais qu’est-ce que le coronavirus (et ses quelque 600 morts déclarés dans un pays dépassant les 90 millions d’habitants) quand on vient de traverser une épidémie d’Ébola dramatiquement plus meurtrière que la crise sanitaire mondiale ? Qu’est-ce que le coronavirus quand la vie entière est rythmée par les tensions politiques, avec pour toile de fond un manque d’eau potable et d’électricité ? Ici, la vie au temps du corona n’est pas plus difficile. Juste un peu différente.
Le caractère remarquable de l’ouvrage tient dans le fait qu’il réunit les regards de photographes congolais. Les guerres et les bouleversements incessants du Congo ont été, pour l’essentiel, illustrés par des photographes étrangers (Alice Seeley Harris, Robert Lebeck, Jean Depara…). Il apparaissait urgent d’encourager les artistes congolais à occuper la place centrale dans l’observation et la transmission de l’image générale de leur pays, conversation de laquelle ils furent traditionnellement exclus.
Les yeux d’un pays
"Pamela Tulizo et Raissa Karama Rwizibuka nous dévoilent les idées locales sur les femmes africaines, la beauté et la mode, explorant ainsi les notions d’estime et de confiance en soi dans un contexte post-colonial. Arlette Bashizi et Justin Makangara exposent les réalités du confinement dans un pays sans électricité ou presque. Moses Sawasawa nous montre les défis de la vie pendant la pandémie et la survie dans une économie informelle où l’accès à l’eau est sévèrement limité. Dieudonné Dirole nous emmène sur les lignes de front du conflit en Ituri, où divers groupes armés se livrent à des tueries systématiques, des décapitations, des viols et d’autres atrocités. Ley Uwera photographie le ramadan au temps du confinement et la cinéaste Bernadette Vivuya nous présente les danseurs de Goma et l’impact du coronavirus sur la monnaie locale." (Finbarr O’Reilly)
L’ouvrage nous balade du rire aux larmes, entre espiègleries et drames. Privés d’école à cause du Covid-19, trois adolescents tuent le temps en jouant une partie de billard dont les boules proviennent des roulements d’un vieux minibus. Modèles d’élégance, les sapeurs congolais complètent leurs tenues - ô combien sophistiquées - d’un masque du meilleur goût. Plus loin, les images poignantes d’une famille venant de perdre un enfant. Au-delà de la pandémie, les clichés sélectionnés dénoncent les conditions de vie véritablement alarmantes de ce pays qui présente l’un des indices de développement humain les plus faibles au monde. Magistrale leçon de relativisation.
Congo in Conversation Livre d’art De Finbarr O’Reilly et contributeurs, Ed. Reliefs/Fondation Carmignac, nov. 2020, 128 p. (textes en anglais et français) Prix 35 €
