Gustave Walckiers, itinéraire d’un Brusseleir
Cette monographie nous emmène battre le pavé d’une toute jeune capitale. Nostalgie garantie.
- Publié le 28-01-2021 à 14h04
- Mis à jour le 04-02-2021 à 17h54
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Plus d’un siècle après sa mort, Gustave Walckiers (1831-1891) profite d’un éclairage sans précédent avec la sortie de cette monographie, résolument dynamique, qui rompt avec les codes des publications classiques. À la manœuvre, Emmanuel et Jacques Walckiers, deux de ses arrière-petits-neveux (qui en compte pas moins de 87 !).
Ces deux passionnés ont souhaité rendre hommage à leur aïeul en poussant les recherches et en analysant les reproductions d’une bonne centaine de ses œuvres. Travail titanesque - chapeau, Messieurs ! - quand on sait qu’après la mort de l’artiste, sa veuve a littéralement dispersé ses œuvres, faisant des dons à des musées, à de la famille et des amis…
Peignant la plupart de ses tableaux entre 1870 et 1891, Gustave Walckiers présente très rapidement de belles prédispositions à capter l’atmosphère des rues de Bruxelles, des beaux quartiers aux plus populaires. L’artiste appartient à l’école réaliste avec quelques incursions dans le luminisme.
Là où la publication se révèle absorbante, c’est que sa mise en page joue à plusieurs reprises la carte de la comparaison, mettant en perspective tableaux et photographies. L’exercice ? Examiner les changements apportés par l’artiste. Et pour cause, le peintre a régulièrement pris la liberté de transformer la réalité : il supprime des bâtisses qu’il juge moins belles, il inverse l’ordre des maisons bourgeoises, il déménage un bow-window… Il lui arrive même d’intervenir sur l’angle des rues. Ces modifications ne sont pas gratuites : Gustave Walckiers souhaitait améliorer l’équilibre de la composition ou donner un plus bel effet à la ville. Les apports personnels sont multiples : on rencontre également un Palais de Justice à la silhouette exagérément massive ou une rotonde du Jardin botanique plus élancée que jamais.
Mais le Bruxellois ne se cantonne pas à Bruxelles. Une carte de la Belgique, une autre de l’Europe pointent toutes les villes qu’il a immortalisées. Fervents voyageurs, les pinceaux de Gustave Walckiers font escale aux Pays-Bas, en France, en Espagne, en Hongrie, au Portugal et en Italie, à une époque où les moyens de déplacement étaient en plein développement.
Et comme beaucoup, le peintre se laissera tenter par les charmes de la pittoresque Venise qu’il immortalisera comme bien d’autres avant lui. Et c’est une certitude : on ne découvre pas un peintre hors norme, progressiste ou qui prit des risques. Chantre des boulevards et places typiques, Gustave Walckiers se profile plutôt comme un echt brusseleir résolument attachant, œuvrant avec passion et application, nous laissant de délicieux tableaux, comme autant d’arrêts sur image touchants, d’une époque où Bruxelles brusselait…
Gustave Walckiers (1831-1891) Monographie d’artiste De Emmanuel et Jacques Walckiers, Ed Aparté, Bruxelles, 2020, 144 pages Prix 20 €.
