Au fil des dessins de François Avril
Depuis une quinzaine d’années, François Avril se sent libre de dessiner ses ressentis.
- Publié le 12-03-2021 à 16h03
- Mis à jour le 22-03-2021 à 16h10
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Dessinateur avant tout, François Avril vient du milieu de la bande dessinée et de l’illustration. "J’associe ce mot ‘dessiner’à liberté alors qu’‘illustrer’induit d’être au service d’un client", entame l’artiste parisien qui partage son temps entre Bruxelles et la Bretagne où il passa le confinement, envisageant du coup d’abandonner Paris. "L’environnement plus calme n’a pas de prix. Paysages et villes restent mes deux grands thèmes mais j’avoue que les premiers sont occupés à prendre le pas sur les secondes."
Cet homme qui approche de la soixantaine - "une sensation bizarre mais pas désagréable" - avoue qu’il peut passer plusieurs jours sans tenir de crayon ou de pinceau. "Pour moi, ne pas dessiner, c’est dessiner."
Ayant déjà souvent exposé ses peintures, fidèle à la galerie "au point d’avoir le sentiment d’avoir grandi avec Alain Huberty et Marc Breyne", François Avril a décidé de se retourner sur 15 ans de travail de dessins. "Pourquoi 324 ? tout simplement parce que cela permet de proposer, en parallèle à l’exposition, un beau livre 4,4 cm d’épaisseur, forme de brique bien proportionnée", sourit-il. Le 4 rappelle aussi la voile du bateau présent en couverture du livre. "Et puis, ce livre me permet désormais de me séparer de ces dessins."
Tant pour le livre que pour l’accrochage de 80 dessins dans la galerie, la chronologie a été quasiment respectée, facilitée par la date indiquée dans le dessin. "Je me suis rendu compte de l’importance de ce détail avec le temps et j’ai pris conscience de la cohérence de ces dessins. J’ai eu mes influences à une époque mais c’est fini, ou alors c’est inconscient."
"Je reste figuratif"
Comme dans Je ne reconnais plus le quartier, il dessine des buildings si impersonnels qu’ils virent à l’abstrait, avec des touches de couleur lorgnant vers un Piet Mondrian. "Quel que soit le paysage, urbain ou naturel, que je représente, je veille à ne pas le dessiner en direct. Je ne le reproduis que plus tard, lorsque mon cerveau a fait le tri entre l’indispensable et le superflu. Pour un autre dessin réalisé à Bruxelles, dans les Marolles, on reconnaît ainsi les environs de la gare de la Chapelle. On y aperçoit deux dômes - l’église voisine ? le palais de justice ? - ainsi que quelques immeubles mais je ne cherche aucune perspective ni vraisemblance, mais le spectateur reconnaîtra le lieu. Toutes les villes que je représente, je les ai visitées, voire aimées, comme Hong Kong ou New York."
Des endroits très "verticaux" qui lui ont inspiré aussi bien un dessin "automatique" (tracer des lignes les yeux fermés puis les relier et voir ce que cela donne) et la série Konstruktion, des diagonales sont les grues. "Un chantier, c’est très esthétique. Mon grand-père, Charles Avril, a créé des pylônes." Cette verticalité instille un rythme qui se retrouve aussi dans les espèces de palissades ou troncs d’arbres dissimulant en partie un paysage, mais aussi dans de petits traits dans ces dessins aussi optimistes que dépouillés : les personnages.
François Avril, 324 dessins Dessins Où Galerie Huberty&Breyne, 33 place du Châtelain, 1050 Ixelles. www.hubertybreyne.com. "324 dessins", c’est aussi un très bel ouvrage Quand Jusqu’au 3 avril, du mardi au samedi de 11h à 18h.
