Lourd est le silence… d’Eric Kengen

De grands yeux fixes qui vous toisent dans un mutisme total… Voilà la peinture solide et charpentée.

Gribaumont Gwennaëlle
Lourd est le silence… d’Eric Kengen
©Eric Kengen

Étrange et intriguant. Tels sont les maîtres-mots de l’univers éminemment reconnaissable qu’Eric Kengen compose inlassablement depuis plus de quarante ans. "Au début de ma carrière, et pendant très longtemps, j’ai mis un point d’honneur à ce que chaque tableau soit une aventure… Et pour cause : à chaque fois que je me ‘plantais’, ça ajoutait de la richesse au tableau. Aujourd’hui, j’aime travailler à partir d’un dessin préparatoire." (l’artiste) Ses œuvres - toiles marouflées sur panneau, à l’acrylique parfois rehaussé d’huile - sont peuplées de personnages aussi charismatiques que hiératiques. La fidélité absolue, et quasi obsessionnelle, de l’artiste à ce premier rôle récurrent pourrait à lui seul être considérée comme une performance… Autant de Kouros imberbes mais massifs présentant invariablement les mêmes caractéristiques physiques : de grands yeux qui questionnent le spectateur, un nez épaté et une mâchoire carrée, mais surtout ces lèvres serrées qui les enferment dans une forme d’incommunicabilité. Le silence est de plomb. Régulièrement amputés, ils trouvent néanmoins le moyen de s’enlacer, se bousculer, se protéger ou encore se caresser… Pourtant, au caractère mutique répond un isolement psychologique. "Le non-verbal est quelque chose qui aide beaucoup plus à certains moments, quand on a besoin de voir clair en soi. On a plus à apprendre ou à dire par la voie détournée de l’image", nous explique-t-il.

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