L’amour dans tous ses états
À Geopolis, une double exposition autour de "la liberté d’aimer ici et ailleurs".
- Publié le 22-03-2021 à 16h35
- Mis à jour le 25-03-2021 à 17h23
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Créé en 2017 et installé aux Ateliers des Tanneurs à Bruxelles, Géopolis se définit comme "un centre de photojournalisme et de pédagogie". Autour des expositions dédiées à l’actualité ou à l’histoire, ce lieu organise des rencontres avec les auteurs des reportages présentés ou avec des spécialistes des thématiques abordées. Changement de perspective, durant ce printemps de Covid 19 il nous présente cinq photoreportages et une "exposition artistique" à propos de la "liberté d’aimer" à la fois aux Tanneurs - dans un espace élargi - et sur les vitrines de l’ascenseur près du Palais de Justice.
D’ici et d’ailleurs
Ce déploiement en extérieur n’est pas et ne pouvait pas être une réussite. Techniquement, l’impression sur vinyle micro-perforé est insatisfaisante pour du petit format. S’ajoute à cela le choix d’un contenu vague et peu consistant. Ce "Prenez-le avec amour" annoncé comme "une série photo sur des histoires d’amour, d’ici et d’ailleurs" ne nous dit rien et ne nous apprend rien. Pas de récit, pas d’info, en quoi cela serait-il du photojournalisme ? Que peut en faire le public, même après une écoute (via QR code) des témoignages associés ? La même question se pose à propos de "Sweet dreams are made of these", un sujet du même auteur sur le BDSM en Belgique exposé aux Tanneurs. En fait, on reste là au niveau d’une illustration maladroite d’une pratique dont les codes esthétiques stéréotypés sont repris au premier degré dans des images qui ne posent aucune question. Dommage car ce même photographe, Frédéric Moreau de Bellaing, peut être bien plus convaincant comme on peut le voir dans sa série "Sur la route de Cana". Un récit qui, tout en nous parlant de ses retrouvailles avec une famille palestinienne chrétienne en Cisjordanie, nous décrit en incise les aléas et la fin probable de cette présence minoritaire au Moyen-Orient.
Peu de cohérence
Cette manière d’aborder un sujet par la bande trouve ici un écho dans "L’âme des Dikis" de Romain Laurendeau. En effet, ce photoreportage qui semble s’attacher à décrire les difficultés de se fréquenter entre hommes et femmes en Algérie, déborde largement sur la contrainte sociale oppressante qu’elle induit et qui pourrit la vie d’une jeunesse parfaitement au courant de comment cela se passe ailleurs.
Ces deux séries ainsi que "Ekifire", le reportage de Frédéric Noy sur la stigmatisation des minorités sexuelles en Afrique de l’Est, sont celles que l’on retiendra de "L’amour avec accents", un ensemble dont le sous-titre "de Bruxelles au monde" rendait prévisible le peu de cohérence. Et cela sans même parler de "l’exposition artistique" occupant un superbe espace dont on aurait pu tirer meilleur profit.
"L’amour avec accents" de Frédéric Noy, Romain Laurendeau, Frédéric Moreau de Bellaing et Guillaume Boulay Photographie Où Géopolis, rue des Tanneurs, 58 et Ascenseur, rue de l’Épée, 1, 1000 Bruxelles Quand Jusqu’au 11 avril, du mardi au dimanche, de 13h à 17h30.
