Les grands gestes de Christian Sorg
À 80 ans, Christian Sorg poursuit une œuvre picturale riche en gestes, en lumières, en références préhistoriques.
- Publié le 01-04-2021 à 14h07
- Mis à jour le 01-04-2021 à 14h13
:focal(1275x822:1285x812)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5SNWO4GDUFDXHELPWZTLT26UMI.jpg)
Prévue de longue date et reportée à cause des confinements, l’exposition de Christian Sorg déploie son amplitude dans des espaces qui permettent à ses grandes peintures de s’affirmer avec aisance. Car il faut du recul pour embrasser d’un seul tenant une peinture qui bouillonne, au point qu’on la verrait bien déborder de sa toile pour illuminer un monde sans limites. Parfois aussi, elle semble davantage se reposer autour d’une ligne, qui est aussi profil ou mesure d’un être dans un espace circonscrit.
"Caminando", en promenant. Avec ses deux ateliers, tous deux fixés en des lieux qui ont charge d’âme et d’histoire - l’un, en Bourgogne, entre Vézelay et Arcy-sur-Cure, l’autre, en Espagne, dans le sud de l’Aragon, près de Teruel - Christian Sorg s’est choisi repères au cœur de natures qui vous tonifient l’âme et l’esprit.
L’histoire y est visible aux quatre points cardinaux et le passé préhistorique des sites à l’entour, source vive et obsédante. Sa peinture, libre, sans appartenance, sur toile ou sur papier, en est imprégnée et, avec lui, on vagabonde dans une sorte d’univers qui nous attache à l’effervescence d’un monde ré-apprivoisé par le geste créateur.
Une écriture pulsionnelle
Notre ami Claude Lorent écrit : "Cette peinture est celle d’un projet de long terme qui fait basculer l’art hors de ses catégories au profit d’une écriture pulsionnelle, hautement sensible, gorgée d’émotions, qui, comme le disait Nolde, ferait qu’un ‘tableau ait l’air de s’être peint lui-même’."
Un tableau de 2016, Mammouth, suivi d’une peinture sur papier de même thème, peinte en 2020, Suite pour Arcy-sur-Cure, témoigne de l’obsession de l’artiste pour cette vie nichée sous une terre qui a tant à nous enseigner encore.

Sorg, pourrait-on dire, chemine en long et en large, sans se presser, au bord de lui-même et de cette vie d’avant qui nous obsède par ses vérités exprimées sur les parois de sites violés très récemment. S’il ne peint pas sur des parois, il lui arrive souvent de peindre sur des toiles sans châssis, directement accrochées sur les murs.
Il n’est point un survivant de Supports/Surfaces pour rien et, revenu à un art plus traditionnel, n’en bouscule pas moins les codes en innovant. Ce retour aux sources du pictural parle pour lui.
Ailleurs, il a peint un Taureau, prenant le relais de Vélasquez, Goya, Picasso ou Barcelo (Le taureau, 2001). Certaines de ses toiles pendouillent en milieu de salle. Ainsi de ses Danseuses d’el Cogul, technique mixte sur toile libre, de 2017.
Comment ne pas craquer devant l’exubérance de Peinture de fête, 2013, ou de Peinture d’été, 2004, aux couleurs si fraîches - jaune, vert, brun, blanc, rouge - qu’elles confient leurs transparences à la salle entière ! Isabelle de Longrée en est la commissaire.
Sur la terrasse du Delta, Sorg a invité le sculpteur flamand, Johan Parmentier (Tielt, 1952), à poser ses blocs de résine à l’aspect minéral. Un contrepoint géométrique à l’espace. Signalons enfin que les deux artistes exposent de concert, à la Galerie Rive Gauche, 17, rue de la Croix, 5000 Namur, jusqu’au 25 avril (du jeudi au samedi, de 11 à 18h30. www.rivegauche.be et 0477.391.870)
Christian Sorg "Caminando" (2001-2021) Art contemporain Où Le Delta, 18, avenue Golenvaux, 5000 Namur. www.ledelta.be et 081.77.67.73 Quand Jusqu’au 1er août, du mardi au vendredi, de 11 à 18h ; samedi et dimanche, de 10 à 18 heures.
