"Ils sont fous, c’est une offense": quand une copie du cheval de Napoléon crée la polémique
Une copie du célèbre cheval de Napoléon au-dessus de son tombeau aux Invalides : “un sacrilège”, pour certains.
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Publié le 02-05-2021 à 20h40 - Mis à jour le 18-05-2021 à 10h12
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Les commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon ont leur nouveau champ de bataille : l’art contemporain. La France est coutumière de ces guerres entre art actuel et intégristes du temple patrimonial. On se souvient des missiles que se sont envoyé en 2015 les admirateurs d’Anish Kapoor et ceux qui considéraient comme sacrilège l’œuvre du sculpteur dans les jardins de Versailles, qualifiée de "vagin de la reine".
Aujourd’hui, Thierry Lentz qui dirige la Fondation Napoléon a sonné la charge en écrivant sur Twitter : "C’est de la folie, ils sont fous, suspendre un Bucéphale dans une Nécropole. C’est une offense." Il enflamma les réseaux sociaux et la presse, du Monde au Figaro, consacre de longs articles à la polémique.
Au départ, il y a l’exposition qui s’ouvre le 7 mai, proposée par l’excellent Eric de Chassey qui fut directeur de la villa Médicis à Rome, pour le Musée de l’armée à Paris, à côté des Invalides, seule expo d’art contemporain parmi les très nombreuses expos Napoléon programmées. Il a mis sur pied un passionnant Parcours d’art contemporain avec 30 artistes dont le regard actuel éclaire l’Empereur. Intitulée "Napoléon ? Encore !", elle réunit d’excellents artistes comme Marina Abramovic, Adel Abdessemed, Georg Baselitz, Fabrice Hyber, Yan Pei-Ming.
Pascal Convert, 64 ans, travaille depuis des années sur les questions de mémoire et d’histoire. Il vient de réaliser un beau projet dans de nombreux musées pour rappeler les grands bouddhas détruits de Bamyan.
En faisant des recherches sur Napoléon, il s’est intéressé à son cheval préféré, appelé Marengo, un pur-sang arabe blanc-gris clair capturé lors de l’expédition d’Egypte. Ce fut son cheval à Marengo, Wagram, Iéna, en Russie, jusqu’à Waterloo où son cheval blessé pour la cinquième fois fut capturé par les Anglais et transféré à Londres. Quand il y meurt en 1831, son squelette est conservé comme une relique au National Army Museum.
Pascal Convert en a fait une copie exacte de 35 kg qui doit être suspendue au-dessus du grand tombeau de quartzite rouge de Napoléon aux Invalides, le temps de l’expo. Un geste "sacrilège" pour certains.
L’artiste s’est expliqué : le cheval était l’ami des militaires et a souffert beaucoup comme eux ; "ramener le cheval de la dernière défaite vers la tombe de son cavalier accomplit un rituel" ; le squelette évoque Pégase le cheval du mythique roi de Corinthe Bellérophon (le nom du bateau qui amena Napoléon à Sainte-Hélène) ; "le squelette de Marengo est un Memento mori, il expose l’idée même de la mort dans notre époque qui l’a rejetée".