Plonger dans l’univers d’émotions de Platel et De Bruyckere
Le chorégraphe Alain Platel et la plasticienne Berlinde De Bruyckere entrouvrent la porte de leurs univers.
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Publié le 16-05-2021 à 09h18 - Mis à jour le 16-05-2021 à 09h19
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La grande et magnifique exposition de Berlinde De Bruyckere au Bonnefanten museum à Maastricht devrait enfin s’ouvrir le 24 mai. En attendant, l’artiste a inauguré du 13 au 16 mai, son installation dans la petite chapelle des Norbertins au centre de Gand à la rue Drongenhof.
Après la destruction de leur abbaye de Drongen au 16e siècle, les Norbertins avaient transformé cette chapelle de style gothique tardif, qui servait jusqu’alors de refuge, en une abbaye temporaire et y sont restés jusqu’à la fin du 17e siècle. La chapelle est devenue un entrepôt sous l’occupation française. Aujourd’hui, elle n’ouvre ses portes que pour des expositions temporaires ou des manifestations, avec un vitrail de Wim Delvoye qui montre des corps au Rayon X et un film de Dirk Braeckman.
La ville a confié la chapelle pour trois ans à Berlinde De Bruyckere qui y a placé sur le sol de terre, Schaamte (la honte), une grande oeuvre de 2018-2019 avec un poulain mort un jour seulement après sa naissance, en plomb, déposé sur une pierre d’ardoise de cinq tonnes. Comme un rappel de l’Agnus Dei de Zurbaran (l’Agneau aux pattes nouées) et des chevaux morts dont l’artiste a fait tant de sculptures saisissantes.
Dans ce petit lieu vide sous une charpente de bois chargée d’histoire, c’est une méditation sur Éros (le vitrail de Wim Delvoye et la lumière qui le traverse) et Thanatos (la sculpture dans l’ombre de la chapelle).
Après un week-end d’ouverture, le lieu sera régulièrement ouvert pendant trois ans pour des visites le dimanche et pour des petits événements, concerts, danse, organisés par Berlinde De Bruyckere (renseignements ci-dessous).
Ballets c. de la b.
Le chorégraphe Alain Platel a travaillé avec elle pour Chœurs et pour la scénographie de Nicht Schlafen où l’artiste avait mis sur scène trois vrais chevaux morts entassés sur un socle comme sur un autel et autour, un grand rideau de jute troué comme s’il avait échappé à une guerre. C’est aussi sur le corps d’un danseur de Platel, Romeu Runa, qu’elle a moulé ses corps en cire.

Les fans de Platel peuvent revivre les moments d’émotion que nous ont offerts ses spectacles dans l’exposition-souvenir organisée jusqu’à fin mai dans les bureaux et salle de répétition des Ballets c. de la b. à Gand. Comme une visite impromptue dans les salles où naissent des œuvres.
On découvre ce qu’est un travail collectif depuis tant d’années, avec la plaisir, pour les connaisseurs de Platel, de retrouver dans un désordre assumé, de dizaines d’objets, photos, dessins rappelant ces moments de grâce que furent les spectacles Wolf, Out of context, Requiem pour L. , Gardénia ,etc.
Dans le jardin, Platel a déposé le décor de Requiem pour L., devenu banc public, l’accueil à l’expo est assuré dans les costumes de la fanfare d’En avant, marche !, un robot nous propose ‘Who wants to dance with me’ comme le faisait Romeo Runa à la fin d’Out of context, créé il y a dix ans et dédié à Pina Bausch avec qui Platel partageait l’émotion, les mélanges de musique, la joie de danser, l’attention à la singularité de chaque danseur.

Un film à Venise
On peut rentrer dans chaque bureau de la compagnie et discuter si on veut avec des membres de celle-ci. Dans celui de la secrétaire, une carte du monde entourée des innombrables cartes d’identité des danseurs passés par Gand, montre que la danse est un langage universel. Des bois de cerf par Berlinde de Bruyckere sont accrochés à une porte et ses décors avec des chevaux morts pour Nicht Schlafen ont été montés à nouveau dans la salle de répétition.

Dans un couloir, sont collés bout à bout, comme dans un cabinet de curiosités, des centaines de souvenirs petits ou grands, comme un portrait d’ATDK dessiné par Platel, un souvenir du décor de Coup fatal créé par Freddy Tsimba, le rappel de l’engament de Platel auprès des Palestiniens de Ramallah, une écharpe donnée par Pina Bausch et tant d’autres choses humbles et émouvantes.
Pierre Muylle y a ajouté des œuvres d’art qui résonnent avec le travail de la compagnie: des tableaux de Philipe Vandenberg, des sculptures d’Henk Visch, la tête de Pasolini dessinée par Stéphane Mandelbaum, etc.
Alain Platel a profité d’autre part du confinement pour réaliser un premier long métrage, Why we fight, avec la photographe de Berlinde De Bruyckere Mirjam Devriendt. Le film prêt en juillet sera sans doute à la Mostra de Venise.

Rens. via events@drongenhofkapel.be Expo aux Ballets c. De la b., Bijlokekaai, jusqu’au 29 mai, du mer au sam de 12 à 18h, réser.: www.lesballetscdela.be