Vivian Maier - Stephan Vanfleteren : deux géants de la rue à Anvers
Publié le 19-05-2021 à 07h37 - Mis à jour le 21-05-2021 à 17h44
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A priori on pourrait se demander pourquoi la galerie Fifty One à Anvers expose en même temps et aux mêmes cimaises des photographies de Vivian Maier et de Stephan Vanfleteren. Un premier coup d’œil nous laisse certes percevoir une évidente connivence entre leurs travaux, cependant tout en nous laissant deviner qu’il y a plus à en dire.
Trouvaille
Et en effet, Roger Szmulewicz - le directeur du lieu - explique qu’il n’a pas simplement voulu proposer un face-à-face entre ces deux géants de la street photography, mais qu’il a demandé à l’un d’imaginer des commentaires en images du travail de l’autre. Bien vu car, sachant cela, le visiteur concentre son attention sur la qualité des images plutôt que sur la notoriété des deux artistes.
Pour rappel, Vivian Maier (USA, 1926-2009) fut une nounou durant 40 ans pour gagner sa vie et, sans que personne ne le sache, une photographe assidue durant ses jours de vacances. Du début des années 50 au milieu des années 90, elle a réalisé plus de 100 000 clichés (mais aussi des films) qu’elle s’est contentée d’accumuler sans jamais les montrer. Le talent incroyable de cette autodidacte aurait pu rester définitivement inconnu si en 2007 l’antiquaire et historien de Chicago John Maloof n’avait pas racheté aux enchères - presque par hasard - une partie de ses biens stockés dans un box dont elle ne pouvait plus payer la location. Dont des négatifs qui l’incitèrent à acquérir la plus grosse part de ce qu’il percevait comme une trouvaille incomparable. Une trouvaille qu’il révéla en 2011 en publiant Vivian Maier, Street Photographer, un livre qui fit sensation. Le monde entier s’enthousiasma à la fois pour la légende de la "nounou secrète" et pour des images très maîtrisées qui témoignaient d’une culture photographique certaine.

Mélodie de la rue
Dans cette exposition, ses photos (aussi bien en couleur qu’en noir et blanc) occupent une ligne centrale à hauteur d’yeux, un peu comme une portée musicale. C’est autour de cette mélodie de la rue américaine que viennent se greffer les développements harmoniques de Stephan Vanfleteren. Le Stephan Vanfleteren encore proche de ses débuts comme photojournaliste, celui qui n’avait pas son pareil pour nous raconter des histoires populaires, celle des petites gens ou des petits commerces en train de disparaître. Pas celui des natures mortes et autres portraits sophistiqués de célébrités (ce qui est un peu la même chose) que l’exposition aux 160 000 visiteurs du FOMU comparait à Zurbaran. Si parfois le lien entre le travail des deux artistes s’avère assez littéral - des similitudes formelles - le plus souvent il relève de leurs mêmes intérêts, inhérents à street photography, pour le bouillonnement urbain, pour la typographie envahissante, pour la pauvreté, mais aussi pour l’humour des situations fortuites. C’est dire si cette exposition conçue avec beaucoup d’intelligence est un pur régal.
"CapturingLife" Vivian Maier-Stephan Vanfleteren Photographie Où Fifty One Gallery, Zirkstraat, 20, 2000 Anvers. www.gallery51.com Quand Jusqu’au 10 juillet, du mardi au samedi, de 13h à 18h.
