Plein feu sur la jeune génération d’artistes africains
Publié le 19-05-2021 à 07h37 - Mis à jour le 21-05-2021 à 17h38
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Artcurial a pris la bonne habitude de présenter en avant-première de ses ventes parisiennes des œuvres en ses locaux bruxellois. Cette fois, c’est le marché de l’art actuel africain qui est mis en avant, avec des jeunes artistes africains originaires principalement de pays à majorité anglophone (Zimbabwe, Ouganda, Kenya, Cameroun et Afrique du Sud). Autant d’artistes qui voient le marché de l’art international se pencher avec intérêt sur leur travail original, dépouillé de stéréotypes d’une autre époque mais bien ancré dans le présent.
Certes, lors de la vente du 15 juin, des chapitres seront consacrés à l’école de Dakar (à l’initiative de laquelle on retrouvait dès 1960 Léopold Sédar Senghor) ainsi qu’aux artistes sud-africains. Mais à Bruxelles, ce sont bien des artistes issus de pays émergeant sur la scène artistique internationale qui figurent aux cimaises, offrant au visiteur un regard neuf sur leurs pays, cultures et compatriotes, avec en particulier une réinterprétation du portrait.
On retrouve des personnages comme les "sapeurs" que le Kenyan Peter Ngugi anonymisera derrière leur costume élégant, tandis qu’il soignera les traits de la jeune femme en habits décontractés mais sans ostentation. Né en RDC, Zemba Luzamba travaille principalement en Afrique du Sud. Il joue aussi bien lui aussi avec les codes des sapeurs qu’avec la mode afro-américaine des années 70. Le Zimbabwéen Tafadzwa Tega, lui, jour sur les codes de son pays, avec des personnages semblant avoir démoli la palissade faite de lys flamboyant du fond pour venir poser pour l’artiste, dans l’attente d’un avenir, un livre posé à droite montrant sa soif d’apprendre et regardant au loin, vers un avenir serein.
Ces peintures très grand format éclatent de couleurs mais cachent des thématiques graves : l’envie de partir, ou l’homosexualité vue encore dans certains de ces pays comme un crime. Sur la toile, aucun espace reste non peint, comme s’il y avait une peur ou une angoisse du vide. Le fond est souvent tissu tendu, mise à plat et absence d’éléments de décor. Pour preuve cette représentation d’une fête durant le confinement (présence du masque) par le Kenyan Michael Soi, avec DJ, bières d’importation, mélange de locaux et d’étrangers - européens et chinois - tous vus de face, comme l’un sur l’autre.
La maîtrise, l’exécution sont au rendez-vous de ces artistes qui font école dans leur pays, avec des suiveurs, d’où le risque de tomber, avec les imitateurs, sur des" toiles pour touristes". Rien ne vaut l’original, d’où la bonne idée de venir découvrir ces œuvres à Bruxelles.
Jeune génération d’artistes contemporains africains Exposition Où Artcurial, 5 avenue FD Roosevelt, 1050 Bruxelles Quand Jusqu’au 4 juin. La vente aura lieu le 15 juin dans les locaux d’Artcurial à Paris.
