Découvrez l’art à la plage: tout le parcours de Beaufort 2021
Vingt sculptures, parfois monumentales, souvent pleines de fantaisie, sont installées à la Côte belge.
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Publié le 26-05-2021 à 11h14 - Mis à jour le 27-05-2021 à 07h47
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Une manière stimulante de regarder autrement nos dunes et notre littoral et de réfléchir à notre avenir écologique.
La septième édition de Beaufort, la Triennale d’art contemporain à la mer, débute ce 27 mai et durera jusqu’au 7 novembre. Avec 20 oeuvres, soit deux par commune côtière, parfois monumentales, qui sont aussi prétextes à découvrir autrement la Côte, ses monuments et ses embruns, ses plages et la mer éternellement recommencée. Cette édition 2021 confirme que Beaufort reprend de la force.
La première édition en 2003, restait en effet mythique. Elle bénéficiait de grand moyens et avait proposé des oeuvres spectaculaires pour un large public: la foule des personnages de Gormley s’enfonçant dans la mer à La Panne, les éléphants de bois de Botha, la tortue géante de Jan Fabre, le cheval mort au sommet d’un arbre de Berlinde De Bruyckere, la bétonnière de Wim Delvoye, la bâche géante de Johan Muyle, …
Faute de moyens, Beaufort n’avait plus vraiment retrouvé ensuite cette aura malgré de belles surprises.
En 2018, Beaufort retrouvait cependant de la vigueur et de l’esprit des premières éditions, soutenu (coût 2,4 millions d’euros) par le tourisme provincial et les communes côtières. Certes, le MuZEE d’Ostende n’y participe plus depuis lors, et certes le nombre d’oeuvres restait limité. Cela reste vrai encore en 2021, mais on y retrouve à nouveau sous l’égide de la commissaire indépendante Heidi Ballet, des noms internationaux et belges connus et des oeuvres directement accessibles au public visé, celui des vacanciers et des amoureux de la plage, qui aiment découvrir autrement la Côte et ses dunes, en vélo ou en voiture, l’indispensable plan de Beaufort à la main disponible partout, en français, pour un parcours forcément gratuit.
Un jeu de pistes culturel, tout en réfléchissant à notre environnement, à l’avenir écologique, à la montée des eaux, stimulé par la vision poétique des artistes.
A l’instigation d’Heidi Ballet, les oeuvres choisies établissent un dialogue avec l'histoire du littoral et surtout celle des processus naturels qui s'y sont déroulés. L'homme jadis n'y tenait pas le premier rôle, il se contentait de s'adapter, comme lors du déplacement du littoral ou de la disparition de l'île de Testreep face à Ostende.
Cette perspective de modestie de l’humain face à la nature s'inscrit dans l'ère de la crise climatique. Beaufort 2021 veut aussi accorder de l'attention à d'autres histoires cachées, comme ce qui gît au fond de la mer ou celle des animaux qui s’y trouvent.
De La Panne à Ostende
Voilà quelques oeuvres -pas toutes- commentées en partant de La Panne pour finir à Knokke-Le Zoute (plusieurs d’entre elles sont pérennes et viendront enrichir le vrai parc à sculptures qui s’étend sur le littoral belge).
On débute par l’oeuvre phare de Laure Prouvost qui a une belle exposition pour l’instant au Lam près de Lille. Elle a placé sur le plage de La Panne, un très grand poulpe en bronze, de 15 m, avec 8 tentacules. Il est à moitié enfoui. Ses tentacules portent un drapeau bleu avec un jeu de mots (sea-see) comme les aime l’artiste: « Ideally you would sea where to go ». D’autres tentacules portent une ampoule électrique ou enserrent une pierre. La pieuvre est pour elle, un symbole des échanges fluides et mouvants d’une société de plus en plus bigarrée. Elle représente cette connexion animale et physique que l’on a perdue. Les tentacules, et chacune d’elle possède un cerveau, nous relient les uns aux autres en mélangeant nos personnalités et nos diverses cultures.

A La Panne aussi, l’Américain Michael Rakowitz explore à son habitude, la passé historique rappelant un bateau torpillé pendant la guerre et gisant sur le fond marin. Il a créé une nouvelle épave avec des objets donnés par des habitants.
Dans les dunes d’Oostenduinkerke, Heidi Voet a déposé une constellation de boules colorées. Près de là, un bel arbre mort, courbé par les vents d’Els Dietvorst qui l’a assemblé à partir de bois flotté amené par la mer et l’a coulé en bronze.

Nieuport a choisi le spectaculaire avec la monumentale sculpture de Goshka Macuga, de trois figures de 6 m de haut, symbolisant les nouvelles formes de familles. Maarten Vanden Eynde qui aura une exposition à Ostende cet automne, a placé à côté de l’hôtel de ville de Nieuport une « tour » allant du vieux bus au vélo en passant par la camionnette et le vélomoteur, symbolisant l’illusion d’une montée du progrès car pouvant à chaque instant s’effondrer.

Sur la plage de Middelkerke, l’Autrichien Oliver Laric a placé une série de sculptures intitulée Metamorphosis qui montre la transformation progressive d’un crapaud... en table, signe des mutations curieuses apportées par les humains.

Sur la plage, l’Allemande Raphaela Vogel a posé deux girafes juchées sur des réfrigérateurs et reliées par un fil, comme un rappel du monde d’antan avant que la mer du Nord ne submerge au XVe siècle, l’île de Testreep. Peut-être ces girafes déambulaient-elles sur cette île.

D’Ostende à Knokke
Sur la plage d’Ostende Mariakerke, l’Italienne Rosa Barba a construit une haute tour de sacs de jute remplis de béton. La taille de chaque sac est proportionnelle à celle d’une ville du monde menacée par la montée des eaux et chaque sac est à la position réelle de cette ville par rapport au niveau de la mer. La sculpture pourra donc servir de mesure de référence visuelle pour le réchauffement climatique.
A Bredene, le Péruvien Nicolas Lamas a placé dans un parc une sculpture en matériau réfléchissant et trous, plaçant notre reflet dans un paysage-carte du monde de mers et de terres.
Le Cherokee Jimmy Durham a placé sur un rond-point du Coq, au sommet d’un arbre dénudé, un vautour surveillant la circulation.

Et dans un parc de la ville, une grande sculpture sculpture de Maen Florin montre un enfant géant, boudeur, aux oreilles d’âne, confrontant le visiteur à l’étrangeté de l’altérité.

Sur la plage Blankenberge, une œuvre aux formes étranges de Marguerite Humeau, Française installée à Londres. Ses sculptures résultent de véritables odyssées créatives. Ces vastes explorations de la nature et des découvertes scientifiques lui inspirent des formes inédites et fascinantes.
A Zeebrugge, le Belgo-Congolais Sammy Baloji a déposé sur la plage une serre en verre en forme de diamant et renfermant des plantes exotiques. Symbole de ces commerces par mer de marchandises et d’humains qui ont peu à peu bouleversé tous nos écosystèmes.

L’Argentin Adrian Villar Rojas a placé 80 nids dans des coins de Zeebrugge et de Bruges (pour sa propre Triennale), des nids d’homeros, un oiseau qui profite des constructions laissées par les hommes, exemple de cohabitation.
L’Anglais Jeremy Deller installera le 10 juin, au bout de l’avenue Lippens à Knokke, une grande attraction en forme de caméléon, à la fois sculpture et toboggan pour les enfants qui pourront grimper par sa queue et glisser par sa langue.

Tout près, devant la casino et indépendamment de Beaufort, allez voir la Parade de sculptures d’artistes de qualité comme Mark Manders, Thomas Lerooy, Valerie Mannaerts, Dodeigne ou Zadkine.
Plus d'infos sur www.beaufort21.be