Hugo Pernet : le peintre est déjà ailleurs
D'aspect générique, les thématiques explorées par Hugo Pernet imposent leur présence métaphorique.
Publié le 30-06-2021 à 15h59 - Mis à jour le 30-06-2021 à 16h03
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Peintre et poète, Hugo Pernet (Paris, 1983 – vit et travaille à Dijon) est à peine sorti de sa résidence de recherche à la Fondation Thalie (durant laquelle il a peint et poursuivi l’écriture d’un manuscrit) qu’il présente aux cimaises de Super Dakota sa quatrième exposition personnelle.
Comme une bouteille de mer, la coquille de noix – ou Nutshell, titre de l’exposition – peut contenir tout un univers. Elle peut aussi incarner ces petites portes conduisant vers d’autres univers… Ces coques de noix ne sont-elles pas parfaites pour créer des petits bateaux ? La coquille de noix, c’est aussi l’image de l’espace mental dans lequel Hugo Pernet a vécu cette dernière année. Un monde fermé et cerclé de contraintes. Contexte dans lequel il a produit ces tableaux, imaginés entre 2020 et 2021, qui marquent également les premières explorations de l’artiste avec l’utilisation de l’huile sur toile. Explorations multidirectionnelles : les tableaux semblent avoir été produits par des artistes différents, à des périodes différentes. Hugo Pernet multiplie les couleurs, les gestes, les volumes, les textures… Le trouble s’invite et c’est dans sa logique : rompre ou se détourner très vite d’une recette qui pourrait s’installer pour créer des tableaux semblant provenir de l’imagerie d’un seul rêve. Une forme de fuite qui rejoint son refus de se laisser définir par les autres.
Installés dans un “entre-deux”, ses tableaux ont souvent le goût des anciens tout en décantant une substance résolument contemporaine. Certains tableaux s’inscrivent dans un courant proche de l’Impressionnisme, d’autres présentent le même caractère atmosphérique que les études de nuages de Constable ou les esquisses de Turner. En choisissant de travailler dans un ovale, Hugo Pernet rejoint la tradition des cubistes tels Braque ou Gris. Plus loin, une facture plus massive aux contrastes tranchés d’un cerne noir nous apparaît plus proche d’un Derain. Rencontré à la veille de l’ouverture dans sa galerie bruxelloise, Hugo Pernet nous explique : “J’aime l’idée que les tableaux ici rassemblés aient des styles différents, qu’ils ne soient liés ni par une manière, ni par un format. J’aime aussi jouer sur les échelles en créant une inversion des genres : peindre de petits paysages et de grandes natures mortes. Les natures mortes sont aussi des tableaux inventés, improvisés, qui ont un côté onirique… Un peu à l’image des paysages.”
Hugo Pernet fuit les plans préétablis. Ses œuvres se construisent dans un jeu de va-et-vient, entre ajouts et effacements. Ce sont alors les proportions ou les couleurs qui le conduisent vers la composition. “Je commence un motif sans savoir ce qu’il va devenir. J’efface la montagne et ça devient une métaphore de la montagne.”
Hugo Pernet, “The Nutshell” Peintures Où Super Dakota, rue Washington 45, 1050 Ixelles www.superdakota.com Quand Jusqu’au 17 juillet, du mardi au samedi de 11h à 18h.
