Les fascinantes beautés de Botticelli
Les expositions consacrées au peintre de La naissance de Vénus sont rares. Il ne faut pas rater celle à Paris.
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Publié le 13-09-2021 à 07h35 - Mis à jour le 13-09-2021 à 15h07
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Bien sûr, ceux qui viennent voir la relativement petite mais superbe exposition Botticelli au musée Jacquemart-André à Paris, ont d'abord en tête ses chefs-d'oeuvre si connus et intransportables: La Naissance de Vénus et Le Printemps, conservés aux Offices à Florence. Ils ne seront pas déçus en retrouvant à Paris toute la beauté des femmes peintes par l'artiste des Médicis.
Deux grands tableaux montrent la Vénus de Botticelli reproduite par lui-même avec des variantes et inspirée de la Venus Pudica de l'Antiquité. Prêtées par les musées de Berlin et de Turin, ces Vénus nues sont sur fond noir pour mieux les imaginer comme des sculptures. D'un geste pudique, Vénus cache ses seins avec un main et son sexe avec sa longue chevelure. Botticelli y ajoute son goût de l'arabesque, la virtuosité de la ligne. Si ses Vénus sont entièrement nues, elles n'appellent pas le désir, mais bien la retenue, tout en jouant sur l'ambiguïté car on peut tout autant y voir un jeu érotique où elles donnent à voir ce qu'elles cachent. La Vénus venue de la Galerie Sabauda de Turin le prouve: si elle est revêtue d'une chemise transparente, celle-ci accroît en réalité sa nudité.
Le femmes de Botticelli incarnent le beauté idéale. Ses Vénus avaient tant de succès à Florence que Botticelli en a peintes avec des variantes pour les patriciens de la ville.

La plus belle de Florence
On admire à l'exposition, un tableau célèbre incarnant la beauté idéale selon Botticelli: son portrait de La belle Simonetta du musée de Francfort. Simonetta Vespucci était, disait-on, la plus belle femme de Florence, la maîtresse de Julien de Médicis, l'amie de son frère Laurent. Elle est Flora dans Le Printemps et incarne Vénus dans Le jugement de Pâris prêté par le Palazzo Cini de Venise. C'est à elle que Pâris donne la pomme désignant la gagnante.


Son portrait incarne la « sophistication" (dixit Vasari) botticellienne, surtout dans la somptueuse coiffure d'arabesques et de courbes qualifiée de « coiffure de nymphe » par l'historien de l'art Aby Wartburg.
Cette beauté idéale se retrouve dans ses Vierges à l'enfant. L'expo en présente une version splendide : La Madone au livre du musée Pezzoli de Milan: beauté du visage, courbes sinueuse de la coiffure, expression de l'amour de la Vierge pour son enfant. Ce tableau destiné à la dévotion privée devait valoir très cher car il est peint avec beaucoup de bleu de lapis-lazuli venu d'Afghanistan et d'or. Sur le bras de Jésus, on retrouve comme un jouet, la couronne d'épines annonçant son martyr.

L’originalité de cette expo est de présenter aussi Botticelli comme le maître d’un atelier, occupé tout autant aux arts appliqués, un designer avant la lettre.
Le peintre né en 1445 et mort en 1510 (infirme et misérable selon Vasari) avait appris auprès de Filippo Lippi (1406-1469). La première salle de l'expo compare les oeuvres du jeune Botticelli à celles d'artistes de son temps. Botticelli engagea ensuite le fils de Lippi, Fillipino Lippi, comme assistant dans son atelier dans lequel il produisait des peintures profanes, des tableaux religieux (y compris de grands retables et des tableaux ronds, les tondos) et -plus original: des broderies comme la somptueuse chasuble brodée d'or, présentée. On montre encore, réalisés d'après Botticelli, une tapisserie et la porte marquetée du Palazzo Ducale d'Urbino reproduite à l'identique.
Botticelli produisait aussi des peintures d'histoire pour les riches Florentins, souvent peintes sur des coffres de bois, les panneaux de casones typique de la Renaissance à Florence.
On découvre encore deux de ses rares portraits dont celui de Julien de Médicis commémorant son assassinat en 1478 et celui très moderne, du poète et guerrier Michele Marullo Tarcaniota. Le Vatican a prêté deux feuillets d'une série exceptionnelle de dessins virtuoses de Botticelli illustrant La Divine comédie de Dante.
Le peintre s’est aussi illustré dans ses tableaux d’église, comme le montre son grand Crucifix prêté par le musée du Duomo de Florence.
Botticelli, artiste et designer, au musée Jacquemart-André, à Paris, jusqu’au 24 janvier.