Les troublants voyages d’Eva L’Hoest
Elle bénéficie d’une exposition à la Galerie du Botanique et participe à la Triennale de Louvain-la-Neuve.
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Publié le 20-09-2021 à 18h27 - Mis à jour le 20-09-2021 à 18h42
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La jeune Eva L'Hoest (née en 1991 à Liège, études de vidéographie, vit et travaille à Bruxelles) a vu sa carrière s'accélérer vivement ces derniers mois, invitée dans bien des lieux, de la Biennale de Lyon en 2019 à l'Australie, en passant par la triennale d'Okayama organisée par Pierre Huyghe et le Wiels récemment au sein de l'exposition Regenerate.
On peut revoir au musée L de LLN pour la Triennale d'Ottignies Louvain-la-Neuve, dans le parking sous le musée, la vidéo Shitsukan of Objects qu'elle avait montrée à Lyon et au Wiels. Elle y combine une vision très sensuelle de la nature et du monde, qui nous touche très directement, avec un imaginaire illimité créé par les technologies les plus pointues.
Elle nous transporte dans des environnements familiers mais où se mêlent les regards de l'homme et des machines, habités par des matières hybrides et des figures troubles, prélevées de la réalité, qui acquièrent par le biais de différents outils technologiques une texture fluide et une autonomie inquiétante.
Eva L’Hoest explore les façons dont les images mentales, en particulier le souvenir qui vient nous hanter, trouvent à se re-matérialiser dans une forme technologique.
Architectures fluides
Pour mieux comprendre sa démarche, on découvre un très bel ensemble dans l'exposition que lui consacre la galerie du Botanique à Bruxelles, avec sa création pour la Biennale de Riga 2020: The Inmost Cell.
Une vidéo de dix minutes débute par des images du paysage de Lettonie. S’inspirant des mythes lettons autour de la Daugava, le fleuve qui traverse Riga, elle évoque les mirages que les marins ont en mer, croyant voir les flots se transformer en prairies agitées par le vent. Chez elle, grâce aux images de synthèse, la nature se liquéfie, les herbes deviennent océan et le spectateur plonge sous l'eau dans les fantômes du passé. Pour cela elle s’est inspirée du cas de trois îles qui furent submergées par l'eau d'un barrage près de Riga.
Eva L'Hoest promène alors virtuellement la caméra dans des architectures imaginaires, des ruines sous-marines, devenues fluides liant l’homme et la nature, devenant humaines. Avec la nostalgie des souvenirs, mais aussi la tristesse des ravages causés par l’homme et le pouvoir des technologies d'aujourd'hui.
Quand l’image remonte à l’air libre, on voit la tache rouge d’un magma venu du fond de la terre et un grand drap blanc sur lequel s’accrochent des ronces métalliques comme les traces du passé. La musique atmosphérique de John Also Bennett vient s’y ajouter ainsi qu’une voix off en letton.
Elle a joint au film de superbes sculptures : des blocs de cristal pur éclairés de faisceaux de lumière, dans lesquels elle a dessiné au laser (le laser fragmente très légèrement le verre à l'endroit où elle le veut) des très fines images de plantes, de formes vaporeuses, de cristaux de neige, de dentelles ou nuages figés au coeur du verre. Comme des photographies noir et blanc en 3D du paysage au fond de la mer. Elle a superposé ces blocs ou les a alignés pour former une sorte de story board rêvé de sa vidéo. Comme un mirage.



>>>Eva L’Hoest, au Botanique, à Bruxelles, jusqu’au 21 novembre