Proximus Art : une collection exemplaire
Evénement. Pour la première fois, la riche collection d’art contemporain de Proximus s’ouvre au public.
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Publié le 22-09-2021 à 08h41 - Mis à jour le 22-09-2021 à 12h16
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La Belgique est un pays de collectionneurs privés. Mais il existe aussi quelques riches collections d'entreprise (ING, Belfius, Lhoist), dont la Proximus Art Collection qui fête ses 25 ans par une remarquable exposition Art with View.
Pour la première fois, le public peut découvrir la richesse de la collection en photographie et art contemporain et cela gratuitement (avec réservation). 200 oeuvres sur les 600 de la collection sont montrées sur 3000 m2, dans les locaux de Proximus à Bruxelles. Tout le rez-de-chaussée des tours Proximus est devenu salles d’exposition pour les peintures. Et au 25e étage, avec la passerelle vitrée entre les tours, on découvre une sélection marquante des photographies, avec en prime un vue magnifique sur Bruxelles.
C'est John Goossens, alors PDG de Belgacom, qui lança l'idée en juillet 1996. Baudouin Michiels qui a présidé la collection pendant vingt ans et pu maintenir une ligne artistique rigoureuse d'achats d'œuvres réalisées après 1960, nous expliquait : "Belgacom avait l'objectif de changer totalement sa culture d'entreprise. L'art actuel peut avoir un rôle important en favorisant ce changement de culture. L'art contemporain interpelle, interroge, invite à repenser nos convictions, à accepter la différence, il nous ouvre des horizons nouveaux. Il nous aide à voir que nous vivons dans un monde en mouvance perpétuelle. Il stimule la créativité et le dialogue. Nous choisissons des œuvres qui sont source d'étonnement, d'interrogation, d'appréciation ou parfois même de rejet. Mettre l'art contemporain au cœur d'une entreprise, c'est croire que toute action humaine doit reposer sur un background culturel."
Toutes les œuvres étaient destinées à être accrochées dans les locaux de Belgacom pour le personnel et les visiteurs, dans les bureaux, les couloirs et 187 salles de réunion. Chaque jour, plus de 6000 personnes y passaient (une affluence record si c’était un musée).
Aujourd’hui, avec la pandémie et le télétravail, il y a bien moins de trafic et bientôt les tours seront en rénovation. On évoque à Proximus la recherche d’un lieu pour exposer les œuvres de manière permanente.

Joost Declercq
C’est Joost Declercq, l’ancien directeur du musée Dhondt-Dhaenens où il avait présenté en 2015 une sélection de la collection Proximus, qui a été chargé du choix et de l’accrochage des oeuvres pour chaque salle et couloir.
La photographie contemporaine est particulièrement bien représentée avec, par exemple, la série de Thomas Struth photographiant dans des musées des spectateurs devant des œuvres, deux grands portraits de jeunes par Thomas Ruff, Andreas Gursrky qui donne au Rhin des allures cosmiques. On y retrouve la grande école américaine du quotidien avec Saul Leiter, Lee Friedlander, Stephen Shore.
Martin Parr montre des sujets téléphonant, seule allusion à Proximus, et mis en face de photos de Sammy Baloji de mineurs du Congo qui extraient le coltan nécessaire aux GSM.
Jean-Marc Bustamante présente une série de cyprès comme des fenêtres sur la nature. Balthasar Burkhard y est avec une belle série sur les veines de nos bras. Seydou Keita expose sa grande odalisque, lascivement allongée comme chez Manet.
Un des tops de la collection ce sont les onze portraits par Rineke Dijkstra de la même jeune fille dont on suit l’avancement en âge. Troublant et fort beau.
On découvre aussi la richesse de la collection en œuvres non photographiques : un « siège » de Franz West, un miroir de Pistoletto, une carte du monde d’Alighiero Boetti, des bancs de Jenny Holzer, la série des Marilyn de Warhol, les bouteilles de verre de Tony Cragg, Panamarenko, Dan Graham, Toroni, Carl André, On Kawara, Buren, Richard Serra, Morellet, Sol LeWitt, Wijckaert, Michel François, Walter Leblanc, Dan Flavin, etc.
La collection fut d’emblée logée dans une ASBL juridiquement indépendante de Proximus. Si cette dernière était revendue, la collection resterait belge. Un comité d’acquisition fut mis en place présidé par Baudouin Michiels avec Laurent Busine et Jef Cornelis. Il est aujourd’hui composé de Chris Dercon, Dirk Snauwaert, Caroline David et Jaap Guldemond. Si longtemps le budget d’acquisition annuel tournait autour de 600000 euros (l’essentiel de la collection a été acquis dans les années 90 et début 2000), ce montant est aujourd’hui de 248000 euros dont la moitié est désormais allouée à la gestion et conservation des œuvres.

Proximus Art Collection, dans les tours Proximus 27 boulevard Albert II à Bruxelles, les jeudis, vendredis et samedis de 11h à 18h, jusqu’au 9 décembre. Gratuit mais avec inscription sur artwithview.be