Une Patrouille des Castors pleine de charme
La Galerie Champaka rend hommage aux personnages de Jean-Michel Charlier et MiTacq.
Publié le 24-09-2021 à 17h13 - Mis à jour le 24-09-2021 à 17h17
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JRZ7V6CYPNHY5J2VA66ETRLLGI.jpg)
Fondateur des éditions Champaka et puis directeur éditorial chez Dupuis, Eric Verhoest avait un rêve depuis cinq ans : monter une exposition consacrée aux plus belles planches de La Patrouille des Castors à la Galerie Champaka. Cette série fut l’une des plus populaires du Journal de Spirou à partir du milieu des années 50 (les six jeunes louveteaux - ils ne seront rapidement plus que cinq - y font leur apparition en novembre 1954).
On y retrouve au scénario Jean-Michel Charlier (1924-1989) et au dessin, MiTacq (Michel Tacq, 1927-1994). Chat, Faucon, Mouche, Poulain et Tapir vivront des aventures durant près de 40 ans, avec un succès jamais démenti. Il est vrai, comme le fait remarquer Bruno Verbrugge, animateur de la galerie, que les héros vieilliront, pas aussi vite que leur public, certes, mais quand même, ce qui ne se faisait pas alors en bande dessinée et ce qui reste rare. Ainsi, au début d’un album de 1967, les boy-scouts laissent la place aux pionniers, avec changement d’activités et de costumes (les shorts, badges, foulards et larges chapeaux cèdent le relais aux pantalons de velours côtelé et aux chemises rouges).
Aux cimaises, sont exposées de très nombreuses planches noir et blanc. On découvre au verso de celles qui n’ont pas été encadrées les indications de couleur laissées par MiTacq aux encreurs de chez Dupuis qui pouvaient ainsi travailler par transparence. Les papiers qu’utilisait MiTacq et fournis par Dupuis étaient gaufrés, avec de légers traits bleus qui n’apparaissaient pas à l’impression et qui permettaient de placer le texte proprement ou de faire un découpage soigné. On notera encore six très beaux projets de couverture à la gouache.
Évolution du trait
Présentées chronologiquement, les 80 planches issues des vingt premiers albums permettent d'apprécier l'évolution du dessin de cet artiste qui, sans être devenu aussi mythique que Franquin, Morris, Will ou Jijé, n'en était pas moins un pilier de l'école de Marcinelle, le succès de la série ne se démentant jamais. Son trait, d'abord proche de la ligne claire, évoluera vers un dessin plus réaliste, plus sombre aussi, avec des personnages qui, pour certains, perdent leur côté stéréotypé ou comique, pour apparaître plus sérieux, "avec des thèmes plus graves, dans l'air du temps, c'est-à-dire la guerre froide", estime Bruno Verbrugge, l'animateur de la galerie.
Charlier se chargera du scénario jusqu'en 1980 (album n°22), Marc Wasterlain épaulant MiTacq par la suite à cette tâche, et parfois au dessin quand ce dernier était un peu à la bourre (il recevra aussi l'aide de François Walthéry ou de René Follet). "Ce sont les enfants de MiTacq qui ont expliqué que ces dessinateurs, loin d'être des concurrents, formaient une bande de copains."
Les enfants de MiTacq ? Ils sont six, tout comme la Patrouille à ses débuts. "Pourquoi MiTacq n'en a plus dessiné que cinq, je ne sais pas, confie Verbrugge, peut-être tout simplement parce que le sixième n'était pas assez typé par rapport à ses copains, l'un étant gourmand, l'autre ayant l'esprit scientifique, un troisième plus fonceur, et ainsi de suite…"
Six frères à convaincre, c’est aussi ce qui explique pourquoi il aura fallu cinq ans à Eric Verhoest pour présenter ces très beaux travaux d’un artiste qui ne demande qu’à être redécouvert.
MiTacq, "La Patrouille des Castors" Bande dessinée Où Galerie Champaka, rue Ernest Allard, 27, 1000 Bruxelles Quand Jusqu'au 2 octobre, jeudi et vendredi de 13h30 à 18h30, samedi de 11h30 à 18h.
