Un collectif qui va au charbon
Publié le 12-11-2021 à 16h12 - Mis à jour le 12-11-2021 à 16h16
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En contrebas de la demeure et de l’atelier de l’un d’entre eux, Sylvia Torrens, une dizaine d’hurluberlus conscients de la force de frappe de l’art quand il court-circuite les consciences et, surtout aussi, quand il réactive nos mémoires autour d’affres de passés toujours bien présents si l’on ne se contente pas de se satisfaire d’acquis frelatés, ont profité d’une balade sur un terril des environs pour questionner le monde sur une réalité trop souvent occultée et qui garde son actualité sous les vernis : l’oppression de l’homme par l’homme.
Récemment, à la télévision, des reportages angoissants, affreux de crasse humaine, ont rameuté le souvenir de ces mines de charbon en lesquelles des hommes, des femmes, et même des enfants, sans oublier des chevaux, se retrouvaient silicosés en moins de deux. Le Germinal de Zola n'est point leurre d'avant-hier.
Performance, vidéo, installations
Il est peut-être bon, sain et salutaire, de démarrer la visite de l’exposition par le visionnement d’une vidéo qui, tout en bout de piste, présentée de guingois, en sorte d’apnée triangulaire, nous montre ces joyeux saltimbanques, de gauche toute, ahanant en tirant, en cercle, un fil rouge qui les mène au sommet de leur terril…

Ce pourrait être La danse, de Matisse, c'est bien pire. C'est l'exaltation d'un souvenir qui vouait l'homme à n'être que bête de somme pour le bonheur et le réchauffement de quelques-uns.
La performance n’a l’air de rien, elle touche au cœur de la vérité. Vues prises d’en haut, par drone, vues à ras de terre, de traviole, de partout, le cheminement, douloureux on le pressent, noble mais lancinant, est, d’attaque, un geste de refus. Le refus d’une condition de l’homme réduite à un néant.
Les caméras de Pierre Rasquin, de Luc Warnies, l’idée de base de Pad Ryce, la musique d’Hidetoshi Hayashi, tout cela concourt à une sorte de rituel.
À côté, il y a le tas de blocs noirs, blocs de mousse tranchés au couteau électrique, terril à hue et à dia, de Pad Ryce, effets concluants. Il y a les peintures rouges de sang, noirs de suie, de Sylvia Torrens, la sculpture et les photos, oppressantes, I can't Breathe (Je ne peux respirer), de Cori Entringer, le leporello photographique, Terrils en boîte d'allumettes, de Nelly Haikal, le Black Sabbath, de (Myster/), et le reste, signé mz-collectif, toujours signifiant.
Une exposition qui bouleverse les entendus et pose question.
(mz) Comme un refus des oiseaux Art actuel Où Espace Biscao, 37, rue Louis Fraigneux, 4000 Liège Tél. : 0474.31.57.93 et www.mz-collectif.com Quand Jusqu'au 28 novembre, les vendredis, de 18 à 21h ; les samedis et dimanches, de 14 à 18 heures.
