La Senne, cette rivière locale qui n’en finit pas de faire couler l’encre des cloaques…
Publié le 07-12-2021 à 12h28 - Mis à jour le 07-12-2021 à 12h29
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Pierre Loze, fondateur de l’association en 1979, est aussi l’âme de cette nouvelle exposition sur l’histoire et le devenir de Bruxelles. En s’attaquant à la Senne, rivière méconnue par nos galopins pour la raison qu’elle file désormais, depuis près de 150 ans, ses amours et ses déboires outre voûte. Guère plus pour elle de parcours au grand jour !
L’exposition, qui en retrace l’histoire, les tours et détours à travers une cité en pleine expansion courant XVIIe et XVIIIe siècles, base ses attraits sur une suite infinie de documents - reproductions de cartes géographiques, historiques, architecturales, de tableaux et photos.
Elle convie ses visiteurs à se rendre compte de l’évolution - pas toujours réjouissante, ni remarquable - d’une ville, lorsque la réalité des réformes et des nouvelles donnes industrielles et économiques, stipule qu’il faut reconsidérer l’organisation citadine à l’heure de bouleversements sociaux impérieux.
Une rivière…
La Senne fut une rivière comme une autre, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle. Voûtée en 1868, elle n’intéressa plus grand monde.
La thèse de doctorat d’une jeune historienne, Chloé de Ligne, raviva l’intérêt des spéléologues intellectuels de notre histoire. Notamment en considérant les dizaines de moulins, d’appartenance ducale, qui la sillonnaient jadis, créant un mouvement économique qui engendra la création de la ville. Bruxelles existe-t-elle depuis 979, comme on l’a longtemps cru ? Rien ne le certifie.
À la fin du XIIe siècle démarra, à Bruxelles, une industrie de la laine aux mains de patrons tyranniques. On en suit le parcours et les méandres de la Groote Spey à la Kleine Spey, les deux bras de la Senne. Cela jusqu’en 1572 et le déclin de cette industrie.
Images et relevés topographiques
Des images des métiers - des tisserands aux tanneurs - explicitent le contexte et la topographie de rues et couvents - de la rue des Tanneurs au couvent des Bogards.
Abandonnées par les métiers en faillite, les prairies délaissées ont ensuite servi aux agriculteurs et la Senne activa des moulins aux diverses fonctions : moulins à papier, moulins à grains, moulins industriels.
La deuxième salle de l’exposition - plans, vues et photos de Louis Ghémar - nous renseignent sur le couvent des Sœurs noires, des Riches Claires, la rue du Marché-au-Lin, la rue des Pierres, le couvent des Récollets, le quai des Poissonniers, le quartier des Brasseurs.
Créés par les ducs de Brabant, les derniers moulins ont subsisté jusqu’au XIXe siècle et le voûtement de la Senne, puis la création du canal. On revoit l’ancienne église Sainte-Catherine, alors église des corps de métier du bâtiment, les vues des première et seconde enceintes de Bruxelles, le Grand Béguinage, le couvent de Jéricho, dont le porche, magnifique, subsista jusqu’au XIXe siècle, le couvent des Augustins et des Clarisses (les Pauvres Claires), puis la rue Neuve et la rue de Laeken, où les riches se déplaçaient en carrosse, la place des Martyrs…
La surpopulation et la pollution ont alors entraîné le voûtement d’une Senne devenue cloaque !
Une exposition riche en faits et histoires…
La Senne à ciel ouvert, du Moyen Âge au XVIIIe siècle Habitat historique Où Association du Patrimoine artistique, 7, rue Charles Hanssens, 1000 Bruxelles. Tél. : 02/512.34.21 Quand Jusqu'au 9 décembre (premier accrochage) ; ensuite, ajout des réalités du XIXe siècle. Catalogue.
