Rétrospective de Nicole Callebaut

La "Rétrospective" proprement dite est à découvrir - attention ! jusqu’au samedi 5 mars - en l’Espace Simonis, investi par Faider pour l’occasion. De ses toiles frappées d’expressionnisme (et nous les oublions volontiers) à ses "Manteaux de pluie", son "Nid de frelons", ses papiers enrichis de matières, ses "Planètes" petites et grandes.

Tout un voyage à travers le temps et des espaces reconvertis en installations, œuvres au sol, peintures sur les murs et une propension réjouissante à l’extravagance positive des conquêtes. Entre couleurs profondes et papiers ajustés de matières épaisses ou fragiles, la vie d’une dame que rien n’aura tant rebuté que la frilosité des actes.

"Un avenir hasardeux" et la voilà qui, en cheville avec le vidéaste André Goldberg, tissa une sorte d’igloo en osier autour duquel quatre petites vidéos chantent la nature, le ciel et la mer, les espaces, la culture.

Cette installation, elle l'a conçue à Loulé, en Algarve, où, longtemps, elle dispensa son savoir, organisa des expositions, se combina un lieu de vie toujours d'actualité. C'est en Provence, par contre, que, stupéfaite par la beauté d'un gros nid de frelons, elle composa une sorte de nid géant tout en papiers… aguichants. Le nid de Callebaut est garanti sans danger. Il faut s'y plonger avec ravissement.

Attirée par les lettres, les écritures, elle les a, en 2011 et 2013, peintes sur des profondeurs chromatiques et son Chemin des Planètes, 20 boules de papier et de plomb, façonnées en 2005, évoquent son attirance pour les astres et le monde d'en haut.

Ses Manteaux de pluie, 2005, en papier sur tringles, relèvent de ces merveilles qui font banco. L'idée lui en est venue après avoir acquis, sur un marché, un vieux manteau chinois pour se protéger des effluves célestes.

À la Galerie Faider, changement de décor. L’accent y est mis sur un lot d’œuvres plus récentes. Une constante : marouflés sur toile ou posés sur le mur, ses papiers levés à la cuve. Car ses papiers, elle les façonne elle-même, les mains dans la pâte et la cuve. Un lourd ouvrage qui la rend heureuse dénicheuse de trouvailles en cours de mise en forme et en couleur.

Bon à savoir : la Galerie Faider a ouvert ses portes il y a 27 ans et Nicole Callebaut en fut la première officiante. Sa "Rétrospective" se devait de s’y accomplir vingt-sept ans après.

Pixels rouges sur papier levé à la cuve en 2021, Principe d'incertitude ou tout un jeu de lignes et de formes autour de codes-barres aléatoires, de 2015, l'un en jaunes, noirs, blancs et gris, l'autre, à l'étage, tout de roses, oranges, noirs et gris, et la voilà qui surenchérit L'horizon n'est pas la mer en 2019.

Il faut encore, ici, relever ses trois stèles en papier (levé à la cuve) et acier. "Des livres debout", nous dit-elle. Et les écritures, qu'elle aime tant, s'y lovent, circonspectes et magiques.

Les travaux de Nicole Callebaut méritent qu’on s’y attarde avec tendresse et émotion. Ils sont le reflet d’une âme qui pense en formes et en fondements d’une humanité qui respire.

Des œuvres comme celles-là, qui fondent toute une vie d’élans et d’ouvrages à la dure, sont plus rares qu’on ne le croit.

Nicole Callebaut - Rétrospective Art contemporain Où Galerie Faider, 12, rue Faider, 1060 Bruxelles. www.galeriefaider.be et 02.538.71.18 et aussi, jusqu'au 5 mars (du mercredi au samedi, de 14 à 18h.), Espace Simonis, 33, rue Simonis, 1050 Bruxelles. Quand Jusqu'au 26 mars (Galerie Faider), du mercredi au samedi, de 14 à 18h.

Parution du livre "Nicole Callebaut", Catalogue raisonné, texte de l’artiste. Éditions La Lettre volée, 170 pages en couleur. Prix : 24 euros.