"Climate Show", l’expo dont vous êtes le héros

Les adultes dans la salle avaient-ils imaginé que ce propos sur le climat ne valait pas la peine qu’on le mette en scène une fois de plus ? Une génération en tout cas, celle des tout jeunes gens de ce XXIe siècle, a intégré une pensée climatique que les plus de 20 ans doivent commencer à croire pour de vrai. Le “Climate Show” devrait achever de convaincre les autres. Cet objet culturel neuf, à la frontière entre l’expo pédagogique et le spectacle interactif, s’ouvre au public ce 10 mars à Brussels Expo. Une performance à dimension éducative, qui poursuit les spectateurs une fois ledit show terminé.

L’intelligence artificielle anime le débat

C'est Gaïa, déesse de la Terre devenue voix de l'intelligence artificielle, qui énonce une litanie de données aux Homo sapiens mal informés. Mettre en scène, d'un côté, le climatosceptique qui a profité d'un vol au soleil pas cher et, de l'autre, la bobo qui tricote ses pulls dans sa résidence de campagne en tirant à boulet rouge sur tout ce qui n'est pas à base de graines germées, n'est sans doute pas ce qui fera le plus réagir le jeune public. Car celui-ci a dépassé cette opposition binaire, conscient que l'état de son environnement futur n'est plus garanti. Au centre du jeu des questions, une jeune femme jette des pavés dans la mare. Le public de l'expo est amené à voter. Pour éviter la tragédie écologique, il faut changer nos modes de vie ? Mais qui doit changer quoi ? Les riches, car ils sont les principaux pollueurs : 10 % de la population mondiale la plus riche est responsable de 50 % des émissions de gaz à effets de serre. Le public s'empare de son boîtier pour voter, comme dans un télé-crochet, quand la voix de l'intelligence artificielle lui précise : "Vous, dans la salle, faites partie de ces 10 % les plus riches…"

Qui doit modifier sa consommation ? Les pays les plus pollueurs (la Chine), les individus les plus pollueurs à l'échelle d'une population (les habitants du Qatar) ou ceux qui consomment ce qui est fabriqué en Chine ? Faut-il mettre en place une politique de natalité pour résoudre le problème climatique ? 72 % de la salle répondra "non" au cours de cette séance de 45 minutes. Un "non" confirmé par les experts qui rappellent que dans les pays où la natalité baisse, le taux de CO2, lui, ne recule pas. Pour que nous puissions vivre selon le standard des Belges de 2022, il faudrait que nous ne soyons pas plus d'un milliard sur Terre. On fait quoi, alors, des six autres milliards d'humains déjà embarqués dans cette galère qui fait face aux eaux montantes ?

François Gemenne, président de Climate Voices et auteur pour le Giec ; Sonia Seneviratne, climatologue à l’Université de Zurich ; Fabrice Boissier, directeur de l’Agence française de la Transition écologique répondent aux questions cruciales de notre époque. Les politiques sont-ils à même de défendre un monde durable alors que leurs mandats sont de court terme ? Quelle démocratie inventer pour mettre en œuvre la transition écologique ? Que faire à l’échelle individuelle pour ne pas émettre plus de deux tonnes de CO2 par an ? Choisir entre un Paris-New York par an, ou manger de la viande de bœuf tous les soirs de la semaine.

Le propos n’est ni magique ni attendri, mais se veut tourné vers les solutions. L’événement oblige, par ce ton impérieux et les chiffres implacables qu’il énonce, à une réflexion sur l’endroit où l’on veut vivre… Et la réponse, non, n’est pas d’aller s’installer sur Mars.

“The Climate Show”, à Brussels Expo, jusqu’au 30 juin 2022. Infos : www.theclimateshow.eu