Minimalisme made in Belgium ?
Diversité de propositions plastiques minimalistes de chez nous, années 20 comprises.
Publié le 18-03-2022 à 12h16 - Mis à jour le 18-03-2022 à 14h34
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Organisée à l’initiative de Jessy et Ronny Van De Velde avec le concours du service des expositions du Delta, l’accrochage occupe les deux niveaux d’expositions temporaires du Delta. Reconnaissons d’emblée que les nouveaux espaces intérieurs de l’ancienne Maison de la Culture pèchent par trop de recoins. Ce qui, dans le cas d’une exposition dite minimaliste, paraît peu adéquat sinon malheureux, un art rigoureux quémandant des salles rectilignes, plus strictes spatialement que ce qu’elles sont devenues par la volonté d’un architecte qui n’avait sans doute pas pensé aux expositions diverses qui s’y tiendraient. Les anciennes salles de la Maison de la Culture ne présentaient pas un tel défaut.
Cela dit, les toiles et sculptures proposées, pour une majorité, par le couple Van De Velde, collectionneurs affûtés en bien des domaines, sont de magnifiques échantillons d’un art de chez nous qui, dès l’entame du XXe siècle, a répondu aux envies de reconsidération de l’expression artistique par l’Avant-Garde. On songe aux Constructivistes russes, aux Futuristes italiens (dont fit partie le magnifique Jules Schmalzigaug), aux premiers abstraits.
Première salle
La première salle est, en gros, dévolue à l’abstraction géométrique. Ce qui revient à dire que l’intitulé de la manifestation est à entendre dans un contexte de propositions rigoristes énoncées et réalisées par les artistes de l’époque. Cela n’a rien à voir avec, à ce niveau-là, le Minimalisme, tel que l’ont défendu les artistes américains dans les années soixante.
Dans un premier temps, il avait été question d’offrir au public une vision des tendances minimales en Belgique courant années 60 et septante. Puis, le projet initial a été développé pour cerner ces tendances minimales en tenant compte de l’histoire de l’art abstrait en Belgique. Ce qui, bien évidemment, élargissait le propos et aura rendu le titre générique quelque peu caduc.
Les pièces sélectionnées sont de haute qualité et le plaisir est intense de voir côte à côte des peintures et sculptures des années cinquante signées Jo Delahaut, Guy Vandenbranden, Marc Mendelson, Bernd Lohaus.
La démonstration démarre toutefois, noblesse oblige, par quelques démonstrations chromatiques et graphiques d’un Jules Schmalzigaug au mieux de sa forme. À ses côtés, Jozef Peeters.
Ce premier espace se développe chronologiquement et l’on y retrouve aussi bien un bon De Boeck des débuts, du Pierre-Louis Flouquet, Guy Mees ou Francine Holley, un Camiel Van Breedam au début d’un parcours qu’il poursuit toujours, verve ininterrompue.
N’oublions pas le remarquable Georges Vantongerloo, radical et profond, le tout aussi impressionnant Dan Van Severen, pour en arriver à Marthe Wéry, Didier Vermeiren ou Philippe Van Snick.
À l’étage
À l’étage, second espace, dévolu aux artistes des années septante. Un parcours par correspondances et affinités. Lili Dujourie, Guy Mees, Luc Coeckelberg, Jacqueline Mesmaeker et, prime à la jeunesse actuelle, Alice Jeanne.
Avec ses jeux de miroitements, ses transparences, son cercle lumineux, son cube rempli de paraffine, Ann-Veronica Janssen séduit comme à son habitude, marquant de sa forte empreinte un espace qui bénéficie aussi d’une installation sur table, pensée pour le lieu, de Willy De Sauter.
Tous ces artistes se retrouvent dans le magnifique livre, tout en couleur, de la manifestation, que préface Anaël Lejeune, commissaire d’une évaluation qui a le mérite d’exister nonobstant quelques absences regrettées - celle, notamment, d’André Lambotte, ancien directeur de la maison et auteur d’une œuvre d’une infinie sensibilité, prodige d’une émotion retenue tellement heureuse et rigoureuse dans l’application de ses paradigmes.
Autre absence regrettable, celle d’Isabelle de Longrée. Responsable des expositions depuis le départ à la retraite de Jean-Michel François, que l’on compte retrouver très bientôt aux cimaises du Delta, en congé de maladie, Isabelle marqua de son absence une inauguration escomptée festive. Ses sourires nous auront bien manqué.
Perspectives minimales en Belgique Arts moderne et actuel Où Le Delta, 18, avenue Golenvaux, 5000 Namur. www.ledelta.be et 081.77.67.73 Quand Jusqu'au 17 avril.

Parution de l’ouvrage "Perspectives minimales en Belgique" avec une présentation d’Anaël Lejeune et une étude de Xavier Canonne. Éditions Le Delta. 39 €.