À Arles, Lee Ufan crée un lieu d’art et de méditation
Arles s’enrichit encore d’un nouveau lieu culturel : le Lee Ufan Arles.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/dbef88af-a777-4e76-9966-40b1fd6e9729.png)
- Publié le 19-04-2022 à 07h41
- Mis à jour le 20-07-2022 à 14h02
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YMAAHBGHJNB6TENEHIMNMWVAPY.jpg)
Ce vendredi 15 avril, la ville d'Arles s'est dotée d'un nouveau lieu culturel après la Fondation Luma, ouverte l'an dernier, la Fondation Van Gogh et les rencontres photographiques.
L'artiste Lee Ufan occupe un nouveau lieu dédié à son œuvre au cœur de l'Hôtel Vernon, une bâtisse du XVIIe siècle située dans les quartiers du vieux Arles, un hôtel particulier composé d'un corps de logis structuré autour d'une cour intérieure.
Lee Ufan Arles a pour ambition d'être un centre d'exposition visant à faire découvrir les œuvres de l'artiste, mais aussi d'être sur 1 350 m2 un lieu pour soutenir et parrainer diverses activités artistiques et culturelles. Aménagé avec l'aide de son ami l'architecte Tadao Ando qui a déjà signé le premier musée Lee Ufan sur l'île japonaise de Naoshima en 2010, Lee Ufan Arles propose un parcours de ses sculptures, installations et une sélection d'une trentaine de ses peintures.
Pour comprendre vraiment l'artiste minimaliste Lee Ufan, il faut idéalement se rendre dans le vrai paradis sur terre où la nature, l'art et l'architecture se marient, au Japon, sur les îles de Naoshima. Sur cette île de 8 km2, Tadao Ando a construit un musée pour Lee Ufan, dont l'œuvre tout en retenue, dans le geste ou le dépôt d'une pierre ou d'une plaque de métal, se marie parfaitement avec l'architecture et la nature de l'île.
Une des salles du musée est intitulée Chambre du silence : une pierre fait face à une plaque d'acier dressée contre le mur. Un silence si rare dans l'art contemporain qu'Ufan impose par un nombre restreint d'éléments choisis et disposés avec précision. Ses peintures aussi sont minimales : il utilise un gros pinceau et applique une touche unique.
Versailles déjà
Né en 1936 en Corée du Sud dans un village de montagne, Lee Ufan fut d'abord initié à la culture traditionnelle chinoise. Il se forme à l'écriture et à la littérature. Installé au Japon à l'âge de 20 ans, il étudie la philosophie (il est inspiré par Heidegger). Il est attiré aussi par l'abstraction gestuelle de Jackson Pollock. Et il participe alors au mouvement japonais Mono-Ha (L'école des choses ), dont le but était d'utiliser une chose sans rien y ajouter, faisant voir des éléments dans les rapports qu'ils entretiennent entre eux. Ce mouvement est né en même temps que des mouvements similaires en Occident comme l'Arte Povera ou le Land Art.
Alfred Pacquement, proche de Lee Ufan, commissaire de son autre exposition actuelle à Arles, Requiem (lire ci-après), et qui fut le commissaire de la grande expo de l'artiste à Versailles en 2014 : "Pour Lee Ufan, l ' acte du sculpteur consiste, en ré ponse à une évolution de l ' art qui, après des millénaires d ' objets fabriqués par la main de l ' homme, s ' est ouvert à l' objet industriel et au ready-made, à introduire ce qui n ' est pas fabriqué , à économiser les gestes, à ralentir l ' action de créer en quelque sorte. Le propos de l ' artiste est de critiquer l ' hyperproductivité du monde contemporain, et donc de concentrer son travail en un simple geste." Mais un geste qui est le fruit d'une longue et patiente préparation. Il veut attirer les pierres empruntées à la nature du côté des hommes et les plaques manufacturées du côté de la nature.
Par ailleurs, depuis octobre dernier et jusqu'à fin octobre 2022, Lee Ufan présente une exposition intitulée Requiem à la nécropole antique des Alyscamps .
On éprouve avec ses œuvres, ce que Lee Ufan appelle "ouvrir l ' espace-temps " quand la relation d'une pierre, une plaque de métal, un coup de pinceau, avec l'espace, et leur participation au paysage sont plus importantes que l'objet lui-même.
Lee Ufan reprend la phrase de Paul Klee : " L' art ne reproduit pas le visible, il rend visible."