Duo éclectique chez Odradek
Le lieu de Simone Schuiten respire la sérénité. Odradek expose des duos, la littérature en embuscade.
Publié le 21-04-2022 à 14h14 - Mis à jour le 21-04-2022 à 14h23
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Il y a les effigies longilignes de Fabienne Claesen, ses tableaux fournis en matières. Il y a aussi les peintures musclées ou apaisées de Christine Nicaise, dont nous suivons le parcours depuis longtemps. Ce vendredi soir, le linguiste Jean-Marie Klinkenberg convoquait les amateurs pour une percée en cette peinture discrète mais solide.
Un petit film bien troussé, un quart d’heure, de Dominique Guerrier et présenté en sous-sol et il contribue idéalement à une rencontre avec une artiste, timide, qui ne dit mot.
L’ouvrage de Christine Nicaise, c’est sa passion à travers toutes les affres de la vie, sa raison d’être et de vivre. Elle aime travailler la nuit, penchée sur son ouvrage, car elle peint debout, sa toile couchée sur le sol. L’huile et, parfois, plus rarement, l’acrylique sont ses ingrédients, les pigments qu’elle pose lentement, en y revenant, sur des toiles, petites ou grandes, qu’elle recouvre de couleurs.
Les travaux présentés chez Odradek ne sont pas tous tout récents, mais les pièces de 2022, généralement plus petites, occupent aussi l’espace et tendent à démontrer, couleurs plus tendres au rendez-vous, que la perte cruciale d’un compagnon l’aura poussée à ne pas abandonner la peinture pour autant.
On la retrouve ici telle qu’en elle-même. Avec ses lettres, qui n’ont, dit-elle, d’autre signification qu’un signe qui nous interpelle. Avec ses cercles ou demi-cercles qui foudroient l’espace de la toile de tensions. Avec ses taches, qu’elle projette sur la toile avec le savoir de l’accident voulu. Avec ses noirs, ses bruns, ses ocres, ses bleus.
Christine Nicaise a pour elle une belle énergie quand pliée vers sa toile elle y peint, au rouleau, à la brosse, au pinceau, les effervescences de son âme aux abois de ses émotions. C’est tendu et toujours surprenant, nonobstant une façon de peindre qu’on lui connaît bien.
Au rez-de-chaussée, un mur de petits tableaux témoigne de la diversité de ses applications à faire vivre des toiles, petites ou grandes, qui sont la face dévoilée de ses attitudes face au présent qui la préoccupe.
Il y a, chez elle, de l’apaisement et de la tension, selon les cas, selon les aspirations ou réflexions du moment. Le film de Guerrier est explicite à cet égard, qui nous promène sa caméra dans l’antre de travail d’une femme qui, cigarette au bec, n’hésite pas à convoquer ses nuits pour que le jour lui sourie devant le travail accompli.
Elle cherche, comme elle l'écrit quelque part, et, quand elle trouve, elle mène sa barque avec la conviction de mener son chemin au port. Comme l'écrit Klinkenberg, "la première expérience devant une toile de Christine Nicaise, semble toujours être celle du contraste. D'un contraste entre deux univers. En une première approximation : celui du sensible et celui du brutal ; du discret et de l'affirmé ; du subtil et du massif".
À chacun de s’y sentir à l’aise…
Christine Nicaise et Fabienne Claesen - De la matière Art contemporain Où Odradek, 35, rue Américaine, 1050 Bruxelles. www.odradekresidence.be et 0475.25.38.77 Quand Jusqu'au 30 avril, vendredi et samedi, de 14 à 18h.
