La guerre pour l’Ukraine est aussi culturelle
Au coeur de l’Europe, Bozar, Parlement européen et Muhka portent le combat des artistes ukrainiens.
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- Publié le 07-05-2022 à 09h13
- Mis à jour le 07-05-2022 à 09h14
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A l'ouverture de la Biennale d'art de Venise le président ukrainien, Zelensky, s'était adressé au monde le l'art: « Il n'y a pas de tyrannie qui ne tente pas de limiter l'art, car elles voient le pouvoir de l'art. L'art peut dire au monde ce qui ne peut être partagé autrement. C'est l'art qui transmet des émotions et des sentiments », disait-il. Le Pinchuk Art Center de Kiev porte ce message, répétant que l'invasion de l'Ukraine est aussi une agression contre nos valeurs.
A Venise même, il occupe la Scuola Grande della Misericordia avec des artistes ukrainiens actuels et de très grands noms de l'art mondial comme Murakami et Olafur Eliasson. On y trouve une formidable vidéo sur quatre écrans de Marina Abramovic sur l'horreur de la guerre en ex-Yougoslavie qui ne peut être vaincue que par l'union des Nations. Un thème plus que jamais actuel. Transformée en squelette, elle dirige un choeur d'enfants. Damien Hirst et JR apportent leur contribution. Tout un mur montre les photos de centaines de mères de jeunes Ukrainiens morts dans le Donbass. A l'entrée, un artiste a peint d'immenses habitants-combattants ukrainiens.
Dirigé par un Anversois, Björn Geldhof, le Pinchuk Art Center continue, en Belgique cette fois, cette oeuvre de soutien aux artistes d'Ukraine mais aussi de pédagogie pour faire connaître le pays.

Marmitte
Avec Bart De Baere qui dirige le Muhka d'Anvers qui possède une collection d'oeuvres d'artistes ukrainiens, a été lancée l'opération Imagine Ukraine, avec trois expos, petites mais fortes, dans trois lieux au coeur de l'Europe: Bozar, le Parlamentarium et le Muhka. « L'Europe fait partie intégrante de l'histoire ukrainienne, de même que l'Ukraine fait partie intégrante de l'histoire européenne ».
Dans le grand hall de Bozar, on découvre les photographies de Sergey Bratkov, l’artiste ukrainien le plus connu, qui montre des femmes sûres d’elle dans la section balistique de l’école militaire ukrainienne et d’autre part, dans la salle du conseil de Bozar, des boxeurs vidés, exténués après avoir gagné leur combat.
Dans le hall encore, Anna Zvyagintseva intrigue. Elle a enregistré les sons de manifestations très différentes en Ukraine et les a fourré dans une marmite qui crépite.
A Bozar comme au Muhka, on découvre l’oeuvre forte de Nikita Kadan avec ses formidables chroniques, petits dessins à l’encre rappelant les violences survenues en Ukraine (pendus, cadavres). A Bozar, il a placé une vieille grange à côté d’une forme abstraite et constructiviste.
Au Muhka, à côté de Bratkov et Kadan, toute une fresque murale, sur la rotonde, a été réalisée au fusain par Anna Scherbyna montrant la vie d’une ville bombardée.
Au Parlamentarium, d’autres oeuvres sont à découvrir comme les troublants pains pétrifiés de Zhanna Kadyrova.
Un site très complet (en français) explique tous les aspects de cette opération Ukraine: http://imagineukraine.ensembles.org/?locale=fr