La riche collection Uhoda s’ouvre au public
Très belle collection d’entreprise d’art contemporain à Liège. Elle s’ouvre chaque samedi sur rendez-vous.
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Publié le 23-03-2023 à 14h18 - Mis à jour le 24-03-2023 à 13h21
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Bonne nouvelle pour les Liégeois et plus généralement pour les amateurs d’art contemporain : la très belle collection Uhoda s’ouvre au public. Chaque samedi, sur rendez-vous, avec inscription via l’asbl Art & Fact, un groupe d’une douzaine de personnes peut désormais visiter l’accrochage de quelque 80 œuvres parmi le millier que compte la collection. Un vrai voyage dans 40 ans de passion pour l’art actuel jusqu’à arriver à cette collection d’entreprise.
La visite dure une heure et demie et se déroule dans les bureaux du groupe Uhoda, à la rue Léon Frédéricq à Liège.
On est accueilli par deux grandes photographies de chênes d’Eric Poitevin. Dans une première salle de réunion, on découvre le chapeau melon authentique de Magritte et, au mur, La conférence des ancêtres, 26 sculptures en bois peint d’El Anatsui. Sur des lutrins, des dessins de mains d’Adel Abdessemed, comme celles d’un chef d’orchestre mais ce sont en réalité les mains de Palestiniens jetant des pierres. Plus loin, un grand Gilbert & George.

Au fil d’un parcours appelé à changer régulièrement, on voyage dans une collection éclectique, liée au regard singulier des collectionneurs, avec de superbes Kounellis et Bernard Frize, des monochromes de Pieter Vermeersch et Marthe Wéry, une sculpture en forme de diamant de Xavier Mary devant un tableau de Frank Stella, une sculpture minimaliste de Mc Cracken face à deux grandes bibliothèques fantômes de Parmiggiani, deux sculptures/vidéos de Tony Oursler, …
Et bien sûr, un superbe grand Daniel Buren des débuts. C’est le groupe Uhoda qui est à la base de la méga installation pendant un an de Daniel Buren à la gare des Guillemins. Une initiative qui a mis Liège au centre de l’art actuel.
“Dans notre groupe, expliquait Stephan Uhoda, nous avons toujours voulu décloisonner l’art contemporain et le montrer à un public idéalement aussi large que celui qui passe par une gare et qui n’est pas habitué à voir cet art. Ce projet est en ce sens éminemment social.” C’est aussi cette volonté de montrer à tous l’art qui se fait, de créer du lien avec les visiteurs, qui ont amené les deux frères Uhoda à placer des œuvres dans l’espace public et maintenant à ouvrir un jour par semaine leur collection au public.
40 ans
Georges Uhoda découvrait l’art contemporain il y a quarante ans grâce au collectionneur Fernand Graindorge et à la regrettée galeriste Manette Repriels. Georges Uhoda est un peu l’œil de la collection, sa mémoire, ayant côtoyé les artistes, arpenté les foires, aimant découvrir de nouveaux talents. Il raconte volontiers les forts liens qu’il a noués avec James Turrell, Buren, Sol LeWitt, Gilbert & George et bien d’autres.
Son frère Stephan est plutôt le gestionnaire de la collection, mais partageant la même passion avec, en plus, un intérêt pour les artistes africains contemporains comme Samuel Fosso, El Anatsui, Chéri Samba, Tandiwe Muriu ou Emmanuel Taku.

Née d’une passion commune pour la découverte, l’échange et l’art contemporain, la Collection Uhoda s’est développée autour d’un éclectisme affirmé et revendiqué.
Le groupe Uhoda comprend 400 collaborateurs et est actif dans trois domaines : les services liés à l’automobile (carwash, parking, épicerie de proximité…), l’événementiel/conférences (Cecoforma, etc.) et l’immobilier.
“Notre collection a déjà une longue vie, racontent les frères Uhoda, débutant dès la fin des années 70. On a d’abord acheté des artistes locaux liégeois (Lizène, Duyckaerts, Charlier, etc). La collection s’est alors agrandie peu à peu à des artistes internationaux et elle a connu une accélération ces dernières années grâce au développement du groupe. Il faut souligner qu’il s’agit bien d’une collection de l’entreprise constituée avec une partie de ses bénéfices. Si nous avons des coups de cœur, nous essayons d’acheter intelligemment pour protéger le patrimoine de l’entreprise et assurer par cela sa pérennité. C’est une passion, et on achète par passion, mais on le fait aussi sur base d’une analyse du marché. On a aussi voulu aider tôt des jeunes artistes comme Xavier Mary et Frédéric Platéus. L’art nous fournit du plaisir mais c’est aussi un moyen de communication pour le groupe. ”
La collection assure son éclectisme et sa “ligne large”.
Valeur ajoutée
Les deux frères Uhoda veulent partager leur collection et leur amour de l’art actuel. Stephan Uhoda reprend ce bel adage cité par Michel François : “Ce qu’il y a de bien avec l’art, c’est que, quand on le partage avec d’autres, on n’a pas moins pour soi-même mais davantage, car on crée de la valeur ajoutée pour autrui. Dans ma vie professionnelle, j’ai toujours essayé de créer des liens entre les personnes et nous avons le même objectif à travers la collection.”
Georges Uhoda souligne que découvrir l’art contemporain, “c’est avoir une émotion mais aussi ouvrir à un questionnement par rapport à la société dans laquelle l’artiste vit. C’est parfois désarmant pour le visiteur. C’est pourquoi on prône le dialogue, pour donner des clés aux spectateurs. J’ai toujours aimé avoir un lien avec les artistes. Ils apportent la créativité, le dynamisme.”
Stephan Uhoda ajoute : “Nous aimons aussi des œuvres qui donnent une vue optimiste comme on l’a montré à la gare des Guillemins avec Buren qui apporte même un côté ludique. On veut décloisonner l’art, le donner à tous.”
Voir www.uhodacollection.com et visites via Art & Fact, adresse : https://www.artfact.ulg.ac.be/visites-guidees-liege.php