Une Fondation pour l’art africain
À Apt, dans le Vaucluse, la Fondation Blachère fête ses 20 ans. Une exposition en cours et un déménagement en vue.
- Publié le 11-04-2023 à 13h26
Quand Jean-Paul Blachère, par ailleurs industriel en illuminations festives diverses – il a notamment rendu rayonnants, à diverses reprises, les Champs-Elysées, à Paris -, a décidé, il y a vingt ans, d’accueillir à Apt, en ses locaux annexes reconvertis en centre d’exposition pour les arts africains contemporains, des artistes trop ignorés des cénacles artistiques, il ne savait pas que, deux décennies plus tard, ces mêmes artistes, à tout le moins quelques-uns d’entre eux, seraient conviés aux grands-messes de l’art.
À l’époque, la formule était innovante et la Fondation Blachère et, par ailleurs, la Fondation Zinzou, située elle au Bénin, devenaient les fers de lance d’un art en train de prendre date, la Biennale des arts de Dakar complétant le paysage. Longtemps pourtant, la scène européenne demeura rébarbative à accueillir les artistes noirs et arabes. Des artistes que, grâce à André Magnin, l’on avait découverts dans la glorieuse démonstration parisienne des Magiciens de la terre. Passionné par l’Afrique, Jean-Paul Blachère, la septantaine aujourd’hui, n’en eut cure et multiplia les échanges de bons procédés entre son continent d’élection et sa ville d’Apt.
Des résidences, des expositions
Parcourant les terres africaines et leurs événements peu ou prou relayés en Europe, Jean-Paul Blachère se constitua une collection et devint une référence obligée pour les artistes soucieux de reconnaissance et de visibilité. Un de ses protégés fut le bien regretté sculpteur Ndary Lo, qui reconnaissait volontiers tout ce qu’il devait à Blachère. Mort bien trop jeune à 56 ans, en 2017, il laisse le souvenir d’un homme épris de justice et de respect pour la nature. Son œuvre magistrale, en fer soudé, Prière universelle, a été offerte par Blachère à la Mairie d’Apt. En 2017, elle était la pièce centrale d’un festival africain généré par Blachère à Avignon, face au Palais des Papes.
À Apt, les découvertes se multiplièrent à la faveur des enthousiasmes de Jean-Paul Blachère : Francis Sumegne (auquel la fondation consacre un beau livre agrémenté d’un bon texte de Joana Danimbe, Collection Artistes Africains, Fondation Blachère, 130 pages en couleur. Prix : 28 euros), Ousmane Sow, Jems Robert Kokobi, Aimé Mpane, Mustapha Dimé, Barthélémy Toguo, tant d’autres encore.
Le grand principe du lieu fut d’accueillir des artistes trop méconnus en résidence afin qu’ils créent des œuvres nouvelles sur place et que celles-ci bénéficient ensuite d’une exposition. Les rencontres probantes furent légion, toujours festives. Et cela continue. Même si Jean-Paul Blachère a désormais passé la main et si ses entreprises ont été reprises par sa fille Christine Blachère Allain-Launay.
L’exposition Ngaparou en cours est la dernière à prendre date en ce lieu emblématique de la zone industrielle d’Apt. À l’issue de celle-ci, la Fondation Blachère pour les arts africains contemporains rejoindra l’ancienne Gare de Bonnieux. Sise dans les environs, elle bénéficiera d’un espace convivial assorti de jardins et de chambres pour les résidents. Car la formule magique reste de mise.
Ngaparou, c’est la démonstration de travaux réalisés sur place ou à Ngaparou, Sénégal, par des artistes, encore jeunes, dénichés par Blachère au cours de ses séjours africains. C’est la 48e exposition. 21 créateurs aux tendances très personnelles pour un festival de formes et de couleurs.
*** Ngaparou 3 Art contemporain Où Fondation Blachère – Centre d’art contemporain africain, Zone industrielle Les Bourguignons, 384, avenue des Argiles, 84400 Apt, France. www.fondationblachere.org et 00.33.432.520.615 Quand Jusqu’au 29 avril, du lundi au samedi, de 14 à 18 heures. Entrée gratuite.