Rigaux face à Kinson
Chez Me Fraysse le 25 mai à Paris il y aura une vente classique avec des tableaux de grande qualité. Mais pas seulement.
Publié le 21-05-2023 à 16h13
:focal(884x505:894x495)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ID2T2I7NRFFGZD34TOAXGMKRBQ.png)
Un peu moins de 150 lots attendent les amateurs de tableaux anciens et de meubles français du XVIIIe siècle. Le catalogue ne dit pas s’il s’agit d’une dispersion d’un appartement ou d’une petite maison, mais la cohérence des effets décoratifs est telle que l’on peut penser qu’un seul acheteur se trouve derrière cet estimable ensemble. Il dénote un goût sûr mais aussi sans surprise, sauf la qualité générale des lots.

Rigaud et Ranc
D’emblée, le commissaire-priseur va attaquer un gros morceau avec la mise en vente de quatre tableaux de Hyacinthe Rigaud (Perpignan, 1659 – Paris, 1743), un des meilleurs portraitistes du temps de Louis XIV ; ils sont assortis d’un cinquième lot, un dessin mis au carreau, qui est donné à l’atelier et devait servir de projet pour une gravure. Ce premier lot de 250 x 190 mm est annoncé entre 1000 et 2000 €.
Le premier tableau représente le peintre peint par lui-même en vue d’être offert en 1696 à son ami et collègue Antoine Ranc (originaire de Montpellier, 1634-1709) ou à son fils Jean. Rigaud fut élève du premier dès 1671-1672 et c’est chez lui qu’il admirait la collection de tableaux de Van Dyck. Rigaud fut ensuite maître du second Ranc. Ce tableau magistral, présenté chez Fraysse, tout en finesse et sentiment est annoncé entre 30 000 et 50 000 € ; il mesure 83 x 65 cm. Le catalogue signale qu’il avait été exposé au château de Groussay puis au château de Digoine, possédés l’un et l’autre par le producteur de télé Jean-Louis Remilleux.
Ladrière et Baulme
Le deuxième portrait est celui du Marquis Jean-François de Noailles, posé sur une toile ovale de 70 X 65 cm. Il avait été proposé par le galeriste Franck Baulme à Paris en 2011. On l’attend entre 12 000 et 15 000 €. On sort du portrait vivant pour un autre imaginaire, car il représente Sainte Madeleine en prière, aussi charmante qu’une duchesse avant qu’elle ne soit brisée de douleurs. Le tableau a pour lui d’être passé dans les mains de Guy Ladrière, un des plus fameux antiquaires français, puis d’avoir été exposé à Versailles naguère, entre novembre 2020 et juin 2021. On l’estime entre 8000 et 12 000 €. Le lot suivant est l’effigie jeune et sympathique d’un membre de la famille genevoise des banquiers Sarazin. Nous sommes là en 1685 et le lot est évalué entre 20 000 et 30 000 €. Le dernier visage est celui de Don Bonaventure d’Ortaffa, peint en 1738 par Rigaud, avec une pompe un peu froide qu’impose le modèle, maréchal de camps à cette date. La toile de 80 x 65 cm est escomptée entre 8000 et 12 000 €.
Puis, dans la vente, après quelques jolie choses émerge un portrait de dame assise dans sa grande robe de velours rouge et portant chapeau à plumes. C’est somptueux, c’est belge et cela doit dater des années 1825-1830. On ne connaît pas le nom de la dame, mais le peintre est un des meilleurs de nos contrées, François-Joseph Kinson (1770-1839), né et mort à Bruges. Les Kugel, installés à deux pas du musée d’Orsay possèdent de lui un portrait fabuleux tandis que Philippe Delpierre, 10 rue Chauchat à Paris, présente sur Anticstore, un portrait de dame du même genre, à prendre contre 38 000 €. Ici, le tableau est annoncé entre 6000 et 12 000 €. Il mesure 116 x 88 cm.
Vente publique Où ? À Paris, Drouot, salle 5, à 14h15. www.fraysse.net. 16 rue de la Banque, 75002 Paris. Quand ? Ce 25 mai à 14h15. On peut enchérir via le site de Drouot en s’inscrivant.