Adrien Lucca, “magicien” des couleurs, expose au BPS22 à Charleroi
Le jeune artiste français basé à Bruxelles Adrien Lucca fait varier les couleurs des murs du BPS22 et des volumes, en vrai peintre très singulier.
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- Publié le 31-05-2023 à 12h51
- Mis à jour le 05-06-2023 à 13h54
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L’exposition Le secret des couleurs d’Adrien Lucca débute par une immersion dans la grande salle du BPS22 de Charleroi entièrement repeinte en gris, du plafond au sol et aux murs. Douze projecteurs accrochés au plafond semblent éclairer la salle d’une lumière blanche, mais elle est produite par chaque fois 300 leds de 9 couleurs et ces projecteurs sont programmés pour faire varier cette lumière.
Sur un mur, on découvre comme une constellation de carrés blancs et sur le sol ont été déposés des grands polyèdres de couleurs rouge, jaune ou grise. Mais après quelques secondes à peine, les couleurs changent, passant au bleu ou au rose, faisant disparaître l’orange et le vert ! Et cela, sans que la lumière des projecteurs ne semble avoir changé à nos yeux. Sur le mur, surgit une très grande fresque révélant un réseau quasi-cristallin de points rouges, tandis que les volumes sur le sol de la salle changent aussi de couleurs.
Expérimentations sur la lumière
Pour réaliser cette étonnante variation, en vrai peintre et magicien des couleurs, Adrien Lucca joue avec des mélanges de pigments et une lumière programmée par des algorithmes. C’est l’intersection entre les pigments et les longueurs d’onde différentes de la lumière incidente qui produit la couleur. La lumière changeante rappelle celle du ciel atmosphérique avec le passage des nuages ou l’avancée du jour qui fait bouger les couleurs.

Au Louvre-Lens, à l’exposition actuelle sur le paysage, la scénographie de l’artiste Laurent Pernot permet de suivre aussi en accéléré l’effet de l’évolution de la lumière naturelle sur une œuvre !
Adrien Lucca transforme les couleurs, les fait disparaître ou apparaître. Au mur, le même principe agit sur deux “peintures” dont les couleurs aussi varient. Sur le sol, il a encore posé de nombreux blocs de verre coloré venus des fours de la verrerie Lamberts en Allemagne. Leurs couleurs vives proviennent dans ce cas de leurs colorants minéraux : chrome, argent, sélénium, cobalt. Il faut rester un temps dans cette grande salle pour en saisir pleinement l’étrange singularité.
Tout débute par un vieux "Que sais-je?"
Adrien Lucca, né à Paris en 1983, vit et travaille à Bruxelles. Il est aussi professeur à La Cambre. Ces dernières années, on a pu voir ses œuvres où la couleur change comme par magie, à la Biennale d’Enghien (des grandes sphères qu’on pouvait pousser et voir leurs couleurs changer), à la Maison des arts à Schaerbeek, où il occupait la bibliothèque, et à la Fondation CAB à Ixelles.
Au BPS22, Adrien Lucca occupe aussi l’étage et y montre ses recherches et ses expérimentations.
Il y expose une double page d’un ancien Que sais-je ?, intitulé Le secret des couleurs, qu’il avait découvert en 2006 et dont il a fait le titre de cette expo. Ce livre fut le départ d’une passion. Il a tout lu, tout étudié en autodidacte sur les couleurs à travers les livres scientifiques aussi bien qu’artistiques. Sur les murs, il montre ses Études de couleurs, comme le mélange des couleurs complémentaires, avec un soin maniaque, au tire-ligne, avec un colorimètre pour chiffrer les proportions de couleurs à juxtaposer.
Quand la science et l'art font bon ménage
Ses Études montrent comment la science et l’art peuvent faire bon ménage. En voyant les dessins d’Adrien Lucca, on pensait à ce que disait le mathématicien Michael Atiyah : “Lorsqu’il fait grand jour, les mathématiciens vérifient leurs équations et leurs preuves, retournant chaque pierre dans leur quête de rigueur. Mais quand vient la nuit que baigne la pleine lune, ils rêvent, flottant parmi les étoiles et s’émerveillant au miracle des cieux. C’est là qu’ils sont inspirés. Il n’y a, sans le rêve, ni art, ni mathématiques, ni vie.”
Inspiré par le lien entre lumière et couleurs, Adrien Lucca devait bien sûr s’intéresser au travail du vitrail. Il en montre de beaux exemples.
En plus de l’exposition Adrien Lucca, le BPS22 propose dans la Grande Halle, une installation de l’artiste italien proche de l’Arte Povera, Pietro Fortuna (né en 1950), où les objets sont trompeurs.
Dans l’entresol, Emelyne Duval montre ses collages riches de délicatesse et d’humour.
Adrien Lucca, jusqu’au 27 août 2023 au BPS22, 22 bd Solvay 6000 Charleroi. Rens.: www.bps22.be.