"La photographie est un espace vital en Iran, puisqu’elle permet d’évoquer certains sujets en évitant les mots"

Le recueil “Espace vital” propose un vaste panorama des travaux de photographes iraniennes. Une plongée dans diverses réalités du pays à l’heure où la contestation gronde dans les rues. Entretien avec son instigatrice, Anahita Ghabaian Etehadieh, galeriste à Téhéran.

Photo extraite de la série "Lire pour les rues de Téhéran", de la photographe iranienne Maryam Firuzi, publiée dans le livre "Espace Vital" (Textuel, 2023).
Photo extraite de la série "Lire pour les rues de Téhéran", de la photographe iranienne Maryam Firuzi. ©Maryam Firuzi

Une jeune femme se tient au milieu d’un boulevard désert, visage impassible, droite comme un alef (première lettre de l’alphabet persan). En tenue réglementaire noire, bras ballants et gants de boxe rouge aux poings, elle crève la couverture du recueil Espace vital, riche et saisissant panorama des œuvres d’une vingtaine de photographes iraniennes. À elle seule, elle incarne la pugnacité, la combativité des Iraniennes, qui ont pris la tête des manifestations dès l’automne dernier pour revendiquer un meilleur sort et des nouvelles libertés, dont celle – symbolique – de choisir librement leur tenue vestimentaire. Le slogan du mouvement Femmes, Vie, Liberté résume bien leur résistance aux fatwas de cette République islamique qui les contraint tant. Mi-résignée mi-résolue, la “boxeuse” pacifique semble prête à faire un pas sur le côté, comme pour barrer la route à un hypothétique char qui tenterait de la contourner, à la manière de cet étudiant sur la place Tiananmen lors du “printemps” de Pékin en mai 1989.

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