50 ans de la galerie Baronian : quelle fête!
L'ancien a fière allure, toujours élégant et battant. Albert Baronian, c'est 50 ans à la barre d'une galerie qui compte en Belgique et ailleurs. Une exposition florilège témoigne.
- Publié le 12-09-2023 à 14h07
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Le jubilaire a pu mettre les petits plats dans les grands et, du CAB et son expo à Flagey, où se tint un dîner des plus festifs mis sur orbite par quelques rappels et un discours, empli d'humour, de Xavier Canonne, co-auteur du "B comme Baronian", sorte d'autobiographie thématique d'un maître d'oeuvres qui n'y a pas tenu sa langue en poche, s'y avérant lui-même et, parfois, un autre, de A à Z.
Lui-même, c'est-à-dire le passionné chronique d'une vie éclatée entre plusieurs réjouissances et, du culte du sport à celui de l'art, un fameux champion de l'opportunité faite règle d'or et vie à bride abattue. Aux côtés de Françoise, son épouse affichant d'aussi belles noces d'or, Albert Baronian, le joyeux luron du collège Saint-Michel, a fait carrière au sommet d'un art de choisir ses artistes comme on se renouvelle en cheminant. En allant de l'avant: ne pas avancer, c'est reculer.

Pour l'avoir toujours connu, des plaines de foot en sable de l'école aux tapis velours des foires européennes, jadis Havane au fronton d'un sourire engageant et, toujours, veston classe mais détendu du grand manitou moins cousu d'or que de savoir et pouvoir, nous pouvons dire que l'homme n'a guère déçu, étant entendu qu'une réussite se calcule moins au pognon engrangé qu'aux coups d'audace au bon moment.
Panoplie d'artistes et courants d'art
Encore étudiant, Albert Baronian a marqué les esprits en affichant clairement sa prédilection pour l'art et les artistes. Nous nous souvenons d'une exposition que, de mèche avec son frère aîné, Jean-Baptiste, il consacra à Jo Delahaut dans les halles universitaires. Le grand démarrage d'une aventure que, dès lors, il mena balle au pied.
Fervent amoureux du ballon rond et des as du vélo, Baronian fit pourtant, dès ce moment-là, carrière dans un domaine qu'il manipula plus adroitement que les tirs au but ou les sprints échevelés. Rodolphe Janssen, son ami, sait de quoi nous parlons. Très vite, il ouvrit une première galerie et, de lieu en lieu, car il déménagea souvent, sans jamais perdre le nord d'une marche à suivre qui le voua à choisir ses artistes selon ses goûts et affinités et une actualité des arts qui, dans son cas et sans s'arc-bouter aux modes, lui fit croiser du monde, et du beau, tant côté figuration que côté abstrait, Françoise s'avérant, à son tour, guide et soutien lucide, omniprésent.
Si les néo-expressionnistes allemands lui furent, un moment, source d'engagement, en curieux de tout et surtout de gestes qui concourent à ne pas figer l'histoire de l'art en des redites, Art minimal, Supports/Surfaces et Arte Povera lui furent viatiques durables et référentiels. Des artistes de ces mouvements participent à cette exposition du CAB, la troisième du genre, en ce lieu d'élection. Idéal pour un bilan de ses actions à travers le temps. Elle rassemble trente-trois oeuvres, souvent de grand format, d'artistes d'obédience abstraite.

Un petit catalogue les rassemble autour d'un texte, éclairé et éclairant, de Catherine Mayeur, complice de longue date. De Lynda Benglis à Yves Zurstrassen, voici campée une grande aventure entre ses tours et détours. Seule exception à la règle de l'évaluation présente, Gilbert & George, que le galeriste rencontra en 1971 et qu'il exposa sans discontinuer depuis 2009.
Catherine Mayeur le souligne idéalement, les trois courants majeurs que furent pour Albert le Minimalisme, l'Arte Povera et Supports/Surfaces, "se sont rencontrés dans le refus de l'illusionnisme, la diversité des processus de création et des matériaux, y compris issus de la récupération, l'agencement de composantes élémentaires. Tous trois, ils stimulent une perception sensible, physique et spatiale. Avec, importante mise au point: La présence humaine, si elle ne fait pas l'objet d'une image, est pourtant évoquée , que ce soit par la gestualité, la relation au vécu, les traces du temps, la dimension tactile, la convocation du corps dans l'appréhension des oeuvres et de l'espace qu'elles déploient."
De Daniel Dezeuze, Claude Viallat, Giulio Paolini, Mario Merz, Gilberto Zorio ou Olivier Mosset à Michel Frère, Lionel Estève, Alain Séchas ou Yves Zurstrassen, une démonstration éloquente, sensible, ajustée.
Quinquagesimum Arts contemporain Où Fondation CAB Bruxelles, 32-34, rue Borrens, 1050 Bruxelles. www.fondationcab.com et www.baronian.eu Quand Jusqu'au 25 novembre, du mercredi au samedi, de 12 à 18h