On l’a oublié : mais la Belgique fut, un temps, un centre européen du design. C’est l’un des nombreux rappels de "Panorama - A History of Modern Design In Belgium", qui revisite un siècle de design moderne en Belgique au musée ADAM, le musée du design bruxellois.
Regard neuf
Les commissaires de l’exposition, Katarina Serulus et Thierry Belenger, ont le mérite de regarder au-delà des marronniers des arts décoratifs belges - les Victor Horta, Paul Hankar, Henry van de Velde, Alfred Hendrickx ou Jules Wabbes, pour ne pas les nommer. Des figures oubliées ou méconnues sont remises à l’honneur dans un parcours qui révèle aussi combien l’Etat belge joua un rôle dans l’émergence, puis le rayonnement, des créateurs belges, reflet de puissance économique du pays au début du XXe siècle.
Dans les années 50-60, le ministre des Affaires économiques, Jean Rey, fit même du design industriel un "soft power" d’une Belgique encore bien présente sur la scène internationale - notamment lors de la création du Marché commun (1957) et de l’Exposition universelle (1958).
Le même parti pris novateur a présidé au choix des 120 meubles et objets exposés : au best of d’objets ou meubles célèbres, il a été préféré des créations charnières, parfois plus confidentielles. Les pièces haut de gamme côtoient les productions de masse.
Au-delà de l’Art nouveau
Prenons, en début de parcours, deux pièces de mobilier réalisées pour l’Exposition universelle de Turin en 1902. Un bureau imposant de Victor Horta, chef-d’œuvre Art nouveau, marque aussi le chant du cygne du courant. Georges Hobbé, dont le nom est injustement moins célébré, signe au même moment un fauteuil aux lignes épurées qui annonce l’Art déco. Autre pièce étonnante du début du XXe siècle : la chaise de la collection Silex de Serrurier-Bovy. Fabriquée en peuplier et en série, elle était montable en kit - du Ikea avant l’heure - et destinée à rendre le design accessible aux classes populaires.
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