Un peintre qui a l’art d’investir des lieux improbables, les maîtriser. Petit parcours rétrospectif d’un artiste des matières et des couleurs.ANCIEN SITE MINIER des environs de Charleroi, Le Martinet, à Monceau-sur-Sambre, fait partie de ces installations industrielles que l’on se félicite de voir utilisées à d’autres fins que celles qui firent la richesse des potentats miniers et, paradoxe regrettable, la misère de pauvres hères soumis à une vie sans lumière ni perspectives réjouissantes. Désossé, murs de briques à nu, charpentes métalliques et "salles des pendus" réservées à l’échelonnage des vêtements de laborieux soumis à l’échange de leurs habits de ville pour la salopette et le casque mou flanqué de sa torche des excavateurs de charbon, le site impressionne, garde la trace d’une histoire passée qui, autre paradoxe, n’en finit plus de miner une région devenue pauvre de n’être plus ce qu’elle fut. Dans cet espace architectural qui jouxte un terril passé du noir de la suie au vert des arbustes qui y ont, depuis, élu domicile, Pierre Debatty a disposé des dizaines de toiles récapitulatives d’un travail exposé depuis 1987, régulièrement conforté, depuis ces presque trente années, de peintures menées à la force de ses émotions. De ses obstinations, même lorsque le malheur d’un accident de voiture la frappa physiquement. Du charbon aux pigments Debatty est un peintre d’instinct qui va à l’abordage quand une idée le tient, alimente ses ferveurs, ses engouements matiéristes. D’où, sans doute, ses expositions en dents de scie, selon la force ou la faiblesse de ses états d’âme, de ses ardeurs picturales. C’est dire si le parcours