Mulholland Drive
A Cannes, en mai dernier, à côté de David Lynch, Angelo Badalamenti résumait en quelques mots son travail de compositeur. `Suivant les nombreux virages de Mulholland Drive , le thème musical connaît beaucoup de variations.
- Publié le 21-01-2002 à 00h00
1 CD Milan 74321 89823-2
A Cannes, en mai dernier, à côté de David Lynch, Angelo Badalamenti résumait en quelques mots son travail de compositeur. `Suivant les nombreux virages de Mulholland Drive, le thème musical connaît beaucoup de variations. La musique essaye de traduire en atmosphères ce que David m'a expliqué au préalable avec des mots. Alors qu'il est de coutume de composer la partition sur base des images à l'issue du montage, dans le cas de David, la musique est généralement composée et enregistrée avant le tournage. Il arrive d'ailleurs qu'elle soit diffusée sur le plateau afin de mettre les acteurs dans l'ambiance recherchée par David.´
Lynch et Badalamenti forment un couple artistique fusionnel, de l'ampleur artistique de Fellini-Rota, de Hitchcock-Herrmann, car dépassant les rapports de l'image et du son, ils ont développé celui d'architecture sonore.
Non seulement Badalamenti est capital dans la création de l'atmosphère, dans sa façon de manier le contrepoint en tissant d'élégantes nappes musicales, amples et paisibles en apparence mais dont on sait qu'elles dissimulent l'angoisse, la violence, les perversions, la laideur (omni)présentes dans l'oeuvre de Lynch. Des nappes mélodiques qui s'étendent d'un film à l'autre, établissant des connexions entre les oeuvres, chargeant la pellicule de mémoire. À l'écoute du thème de Betty, il y a du `Twin Peaks´ dans `Mulholland Drive´.
Mais ce qui marque cette collaboration, c'est leur façon d'intégrer, de manipuler, de mixer, de dramatiser les bruits, de construire une sensation entre la musique et l'image: l'architecture sonore.
© La Libre Belgique 2001