L'inoubliable été de Cécile de France

F.Ds.
L'inoubliable été de Cécile de France
©Bernard Demoulin

De France. Avec un petit `d´. Cette fois, il va falloir l'écrire sans faute. Avec trois films à l'affiche en France `Irène´, `A+ Pollux´ et `L'Auberge espagnole´, la jeune comédienne belge - en dépit de son patronyme: `les Belges ne comprennent pas, les Français aiment bien, ils furent très accueillants avec moi´ - a vu sa carrière s'envoler cet été 2002. `Depuis deux mois, je prends l'avion plusieurs fois par semaine, je loge dans de beaux hôtels, on est très sympa avec moi, et surtout, beaucoup plus de scénarios arrivent à la maison.´

La passion de l'art dramatique, cette fille très nature la connaît depuis toujours. `À six ans déjà, quand il fallait réciter une poésie devant toute la classe, je m'amusais à la mettre en scène auparavant avec ma mère. Et puis j'ai fait beaucoup de spectacles amateurs à Namur et cela m'a donné un peu l'ivresse du jeu. À 17 ans, je suis partie à Paris où je ne connaissais personne. En fait, mon professeur d'art dramatique, avec qui je travaille encore, Jean-Michel Frère, m'a encouragée et, comme ma famille ne s'y est pas opposée, je suis partie à l'aventure, je devais me débrouiller pour tout. J'ai trouvé une place de fille au pair. J'étais logée, nourrie, blanchie; c'était la bonne astuce car tout est cher à Paris. En même temps, je suivais des cours de théâtre, j'ai présenté le concours de l'Ensatt, je l'ai réussi. J'ai suivi la formation de trois ans. Puis j'ai été repérée par un grand agent, Dominique Besnehard. Et voilà.´

Et voilà un vrai conte, de fées, dont elle tait aujour- d'hui les moments de doute, les conditions matérielles limite-limite, l'isolement loin de la famille et des amis, la passion confrontée à la rude épreuve du temps. Ces obstacles n'ont pas manqué de donner à cette jeune fille radieuse, une force de caractère et un charme volontaire que dégage Isabelle, son personnage dans `L'Au- berge espagnole´.

Elle incarne dans le film de Cédric Klapisch une homosexuelle pleine de tempérament - scène mémorable -, qui affiche son identité, sexuelle et nationale: `J'ai apporté une pointe d'accent, un côté direct quand elle demande au professeur de parler espagnol plutôt que catalan, car le Belge n'a pas peur du ridicule.´

Namuroise comme Benoît Poelvoorde ou Benoît Mariage, le festival du film francophone devrait lui faire sa fête lors de sa prochaine édition.

© La Libre Belgique 2002

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...