Film d'horreur à la sauce lapin
Après un détour par le poulailler, retour au bercail, soit au 62 West Wallaby Street, home sweet home de Wallace et de son fidèle Gromit. Près de dix ans qu’on était sans nouvelle du dynamic duo en patamod. Après son double oscar, on l’attendait d’autant plus au cinéma que les spectateurs belges avaient eu en 1996 le rare privilège d’y découvrir “Rasé de près”.
- Publié le 18-10-2005 à 00h00
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Après un détour par le poulailler, retour au bercail, soit au 62 West Wallaby Street, home sweet home de Wallace et de son fidèle Gromit. Près de dix ans qu’on était sans nouvelle du dynamic duo en patamod (pâte à modeler). Après son double oscar (pour les courts métrages “Un mauvais pantalon” et “Rasé de près”), on l’attendait d’autant plus au cinéma que les spectateurs belges avaient eu en 1996 le rare privilège d’y découvrir “Rasé de près”.
De laveurs de vitre, les compères sont devenus chasseurs de lapin. Mais des chasseurs écolos, puisqu’ils se contentent de les capturer, afin de protéger les jardins de leurs voisins: il n’est un mystère pour personne que nos amis sont des sujets de Sa Majesté, donc férus de jardinage, avec la fierté dans le potager. C’est bientôt le concours annuel du légume géant, organisé par Lady Tottington. Il s’agit donc de veiller au lapin.
Afin de remédier au problème, Wallace va tenter de “déconditionner” les végétariens affamés, mais l’expérience effectuée au clair de lune a des conséquences inattendues: il semblerait qu’un monstre à grandes oreilles sévit. Wallace et Gromit seront-ils dignes de la confiance de Lady Tottington (“Appelez-moi Totti")et devanceront-ils la soif de carnage du peu sympathique Victor Quartemaine?
ESSUYER LES PÂTES Nick Park, créateur des personnages, et son compère Steve Box n’ont rien perdu de leur savoir-faire. “Chicken Run” fut pour eux une occasion d’essuyer les pâtes du long métrage. Aguerris, ils ont donc pu s’atteler à la première grande aventure de Wallace et Gromit. On reste émerveillé du travail de ces grands enfants du studio Aardman: les décors sont magnifiques, chaque personnage est un prodige d’animation, les ambiances sont dignes d’un film de la Hammer. Au passage, l’équipe du studio Aardman a tenu à remettre son art à l’avant-plan: de façon peut-être un peu trop ostentatoire, la texture de la pâte à modeler est visible, palpable presque, là où dans “Chicken Run” tout était ultra- “clean”. Peut-être pour éviter que devant la perfection de l’animation, on les soupçonne (comme Tim Burton dans son “Corpse Bride”) d’avoir eu recours à l’image de synthèse.
Reste que si le format change, la forme reste la même: parodie des films noirs et des films d’horreur d’antan – le studio parle de “premier film d’horreur végétarien” –, références nombreuses (“King Kong”, “Les dents de la mer”, “Frankenstein”, tous les films de loup-garou…), mise en scène digne d’un long métrage, suspense, romance, aventure, humour, et on en passe… Le récit tient étonnamment bien la distance malgré son traitement très classique et un final qui, quoique décuplé, suit les voltiges de celui de “Rasé de près”. Mais soyons bonne pâte: la recette se savoure d’un bout à l’autre. Avec la sauce lapin en prime.
Réalisation: Steve Box & Nick Park. Scénario: Bob Baker, Mark Burton, Steve Box & Nick Park. Photographie: Dave Alex Riddett & Tristan Oliver. Musique: Julian Nott. Montage: David Mccormick & Gregory Perler. Superviseur animation: Loyd Price. Chef décorateur: Phil Lewis. Avec les voix (VF/VO) : de Jean-loup Horwitz/Peter Sallis, Jeanne Savary/Helena Bonham Carter, Philippe Catoire/Ralph Fiennes… 1h25. A partir de 5ans.