Nick Park a remis la main à la pâte

De passage au Festival de Gand pour la première belge de «Wallace et Gromit: le mystère du lapin-garou» (lire page suivante), c'est avec un vieux t-shirt à l'effigie de Tintin que le père de Wallace et Gromit, le très british Nick Park nous accueille. «Je suis un grand fan, notamment de «On a marché sur la lune», confie-t-il.

PAR ALAIN LORFÈVRE
Nick Park a remis la main à la pâte
©Johanna de Tessières

De passage au Festival de Gand pour la première belge de «Wallace et Gromit: le mystère du lapin-garou» (lire page suivante), c'est avec un vieux t-shirt à l'effigie de Tintin que le père de Wallace et Gromit, le très british Nick Park nous accueille. «Je suis un grand fan, notamment de «On a marché sur la lune», confie-t-il. Tiens, c'est vrai: dans «Une grande excursion», le premier Wallace et Gromit, peaufiné pendant six ans alors qu'il était encore étudiant, les deux compères s'en allaient faire des petits pas lunaires pour se réapprovisionner en fromage, aliment de base de Wallace.

L'animation adoucit les moeurs: rares sont les réalisateurs d'animation qui ne sont pas chaleureux, calmes et sympathiques. L'air toujours juvénile à 48 ans, Nick Park ne déroge pas à la règle. Et même si, le 10 octobre dernier, un incendie a ravagé le dépôt où étaient entreposées quantités des acteurs en pâte à modeler du célèbre studio Aardman, le réalisateur relativise: «Ce n'est pas grave par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde.»

Vous avez quand même dû être choqué...

Ce qui fut très perturbant, c'est que le même jour j'ai reçu un appel m'informant que le premier week-end du film aux Etats-Unis avait été excellent et qu'il était numéro un. Au même moment, on m'apprenait que tout un pan de l'histoire du studio était parti en fumée. Par chance, c'est un entrepôt qui a brûlé, pas le studio proprement dit. Et tous les décors et figurines de ce film-ci ne s'y trouvaient pas. Mais il y avait par exemple la machine à fabriquer des tourtes de «Chicken Run» ou le side-car de «Rasé de près».

Que représente le fait de passer au long métrage avec Wallace et Gromit?

C'est un grand pas en avant. Cela représentait une approche totalement différente que de faire un court. Nous avons toujours été très nerveux à l'idée de faire un long avec Wallace et Gromit car se posait la question de savoir si leur univers tiendrait la durée d'un long métrage. D'un autre côté, comme les courts métrages avaient toujours été inspirés par le cinéma, dans la manière de tourner, mais aussi dans le ton, la narration, le processus était naturel. Mais nous avons attendu de trouver une bonne idée à développer (lire ci-dessous).

C'est un peu le projet de votre vie. En quoi votre relation avec ces personnages est-elle si spéciale?

Ils sont ma famille... Ils m'accompagnent depuis ma sortie du collège. Ils ont grandi avec moi. Quand je les vois en une d'un magazine, je ressens la même fierté que devant un parent célèbre.

De qui êtes-vous le plus proche?

De Gromit, je crois. J'aime beaucoup Wallace, mais il est un peu stupide et auto-satisfait. En même temps il est attachant. Mais je m'identifie plus à Gromit, à son côté bon chien dévoué.

D'où viennent leurs noms?

Je me souviens parfaitement, étant enfant, d'une vieille dame criant sur un gros chien: «Viens Wallace! Assieds-toi Wallace!» Le nom m'a marqué. Mais je ne sais pas pourquoi j'ai appelé l'humain Wallace et non le chien! Dans les années 70, on appelait aussi «Wally» les personnes stupides. Quant à Gromit, c'est un terme que mon frère électricien utilisait pour désigner certaines pièces de métal enrobées de caoutchouc. Je trouvais ce mot amusant.

Est-ce que les personnages ont évolué depuis «Rasé de près» ?

Oui. Ils sont devenus adultes quelque part. Quand on regarde le premier Wallace et Gromit, c'est comme le premier Mickey Mouse: on voit les évolutions d'un film à l'autre. Leurs histoires ont aussi changé, sont devenues plus complexes, plus multiples, avec différents épisodes dedans. Chaque film a été une étape différente. Et cela a fait évoluer leur relation.

Ressentez-vous plus de pression avec ce film-ci qu'avec «Chicken Run» ? Car l'attente est double: c'est votre 2e long et c'est un Wallace et Gromit.

De certains points de vue, oui. Mais d'un autre côté, je suis aussi plus confiant, parce que nous avançons désormais en terrain connu, au contraire de «Chicken Run» qui était une double première: notre premier film et nos premiers poulets! Wallace et Gromit sont éprouvés comme personnages. Le vrai défi est de préserver l'esprit de la série dans le film. Nous ne voulons pas nous laisser influencer par Hollywood et perdre l'âme des personnages.

Wallace et Gromit sont précisément très anglais. Comment expliquez-vous l'attrait qu'ils suscitent dans le monde entier?

Je ne sais pas vraiment. J'ai toujours voulu les faire comme j'en avais envie, avec ce côté très anglais. Et ça a marché. Nous n'avons jamais aucun problème de compréhension culturelle avec eux. Quand nous avons commencé à distribuer les courts métrages, il y a un distributeur américain qui voulait doubler la série avec des voix américaines. Et nous avons évidemment refusé. Et je crois que les gens les aiment pour ce côté anglais.

© La Libre Belgique 2005

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