Filon stérile

Il fut un temps où Jean-Jacques Annaud incarnait l’ambition retrouvée d’un cinéma européen capable de faire jeu égal avec les grandes productions américaines. Touché naguère par l’inspiration, la grâce et l’audace sur des œuvres comme "La guerre du feu" ou "Le Nom de la Rose", le Français signe désormais des caricatures de fresques internationales. En témoigne cet "Or noir" manichéen, qu’on croirait tout droit sorti de la première moitié des années soixante.

A.Lo.

Il fut un temps où Jean-Jacques Annaud incarnait l’ambition retrouvée d’un cinéma européen capable de faire jeu égal avec les grandes productions américaines. Touché naguère par l’inspiration, la grâce et l’audace sur des œuvres comme "La guerre du feu" ou "Le Nom de la Rose", le Français signe désormais des caricatures de fresques internationales. En témoigne cet "Or noir" manichéen, qu’on croirait tout droit sorti de la première moitié des années soixante.

Sur un sujet sensible - la métamorphose de nations arabes naissantes en puissances pétrolières - Annaud et ses scénaristes ont fait le choix de la fiction. Après des années d’affrontement, deux émirats vivent dans une paix précaire garantie par deux jeunes princes élevés en otages par le plus puissant des deux monarques. La découverte de pétrole dans le no man’s land séparant les deux territoires attise l’appât du gain de l’un (Antonio Banderas) et la bigoterie religieuse de l’autre (Mark Strong). Ajoutons une romance entre le plus jeune des deux otages (Tahar Rahim) et la princesse de fille de son geôlier (Freida Pinto).

La fresque pourrait être épique, mais sa mécanique se grippe dans les sables du désert : le scénario masque difficilement ses artifices, les personnages sont manichéens, les débats théologiques sortent du bazar du coin Même les effets spéciaux traduisent leur artificialité : les décors numériques crèvent l’écran, le plan de coupe simulant le crash d’un avion derrière une dune relève du montage grossier. Pour un peu, on se croirait dans "Le crabe aux pinces d’or". A ce compte, le classicisme relève du cliché.

Réalisation : Jean-Jacques Annaud. Avec : Tahar Rahim, Antonio Banderas, Mark Strong, 2h09

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