Prometheus: le mythe des origines
En 2084, deux jeunes scientifiques découvrent sur l’île de Skye, en Ecosse, de très anciennes peintures rupestres qui confirment leurs impressions : toutes les civilisations anciennes pointent du doigt dans le ciel la même galaxie.
Publié le 30-05-2012 à 04h15 - Mis à jour le 30-05-2012 à 15h26
:focal(115x89:125x79)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MTGYO363YFDRVMPUL24SWSPCJQ.jpg)
En 2084, deux jeunes scientifiques découvrent sur l’île de Skye, en Ecosse, de très anciennes peintures rupestres qui confirment leurs impressions : toutes les civilisations anciennes pointent du doigt dans le ciel la même galaxie Quelques années plus tard, ils se réveillent, après 2 ans de sommeil forcé, à bord du vaisseau spatial "Prometheus" pour vérifier, sur une planète jumelle de la Terre, leur hypothèse : l’être humain est-t-il le descendant de "créateurs" extraterrestres ?
Bon, le point fort de "Prometheus" n’est pas son scénario boursouflé, qui s’égare dans quelques délires mystico-créationnistes en filant de façon un peu appuyée la métaphore de la création de la vie. Prométhée est en effet le Titan qui a voulu faire de l’homme l’égal des dieux Ce que cherche à atteindre le richissime industriel Peter Weyland, qui finance cette vaste campagne scientifique aux confins de l’univers qui se révélera plus complexe que prévu
La force de "Prometheus" tient en deux choses : l’enrichissement de l’univers "Alien" et la force visionnaire intacte de son réalisateur. Déçu par les suites données à son "Alien" originel (1979), Ridley Scott songe depuis longtemps à revenir à ce film fondateur, non seulement d’une saga cinématographique mais aussi de sa carrière. Dans ce prequel, le retour aux origines prend des airs de mise en abyme, faisant largement oublier les quelques ratés de l’intrigue.
Trente ans ont passé depuis "Blade Runner". Depuis, le cinéaste britannique a donné dans tous les genres, de "1492" à "Gladiator", d’"American Gangster" à "Thelma & Louise". Mais on le retrouve toujours aussi à l’aise avec le film de genre. Sa maestria visuelle, son sens du détail autant que du spectaculaire lui permettent de livrer un film hollywoodien à grand spectacle : paysages envoûtants, décors angoissants, effets spéciaux à couper le souffle, 3D efficace Bref, le plaisir est total. Et l’on se réjouit de voir s’emboîter l’une après l’autre les pièces du puzzle "Alien".
Dans cet exercice délicat, la subtilité est heureusement de mise. Les références ne sont jamais directes mais les échos innombrables. Cela passe notamment par le style visuel du film, qui doit toujours beaucoup à l’esthétique du Suisse H.R. Giger, oscarisé en 1980 pour sa créature d’"Alien". Tandis qu’on retrouve certains gimmicks, à commencer par le robot humanoïde. Dans ce rôle, le toujours excellent Michael Fassbender succède à Ian Holm. Il campe un androïde raffiné, se prenant pour Peter O’Toole dans "Lawrence d’Arabie" et se posant lui aussi des questions métaphysiques sur son créateur A ses côtés, Noomi Rapace prouve qu’il n’y a pas que "Millenium" dans la vie, tandis que Charlize Theron joue les beautés froides et sans âme
A 75 ans, le géant Ridley Scott prend décidément toujours la science-fiction aussi au sérieux. Et s’offre, pour notre plus grand plaisir, une réflexion métaphysique sur les origines de la vie à 130 millions de dollars.
Production et réalisation : Ridley Scott. Scénario : Jon Spaihts, Damon Lindelof. Avec Noomi Rapac, Michael Fassbender, Charlize Theron, Guy Pearce 2 h 04.
Vendredi, à 13h30, Joachim Lafosse répondra à toutes vos questions