Tango libre: danser pour se libérer

Frédéric Fonteyne de retour aux sources de son cinéma avec son 4e film.

H. H.
Tango libre: danser pour se libérer
©Cinéart

On avait laissé Frédéric Fonteyne quelque peu assommé après l’échec relatif de "La femme de Gilles" en 2004. Adaptée d’un classique de la littérature belge, bénéficiant d’un gros budget, portée par des stars françaises, cette reconstitution historique un peu sclérosée a marqué un temps d’arrêt dans la carrière du jeune cinéaste belge, qui avait décollé 5 ans plus tôt avec le succès d’"Une liaison pornographique". Depuis, Fonteyne a laissé couler de l’eau sous les ponts, a laissé passer la crise de la quarantaine et a beaucoup réfléchi, remettant profondément en question son cinéma.

Si "Tango libre" s’inscrit dans une trilogie a posteriori sur les rapports hommes-femmes (cf. ci-contre), le film marque néanmoins une rupture avec "Une liaison..." et "La femme de Gilles". Le cinéaste ucclois a en effet cherché à retrouver la liberté de ses débuts, celle de "Max et Bobo" en 1998 ou de ses premiers courts métrages avec Philippe Blasband, qui signe à nouveau ici le scénario.

Plus question pour Fonteyne en effet de se laisser enfermer dans une grosse machine dont il ne peut maîtriser tous les rouages. Ce n’est pas un hasard si, au gré de clins d’œil savoureux, le réalisateur met ici en prison non seulement son producteur de toujours, Patrick Quinet (Artemis), et son producteur français Christophe Rossignol, mais aussi tout le cinéma belge : Jaco Van Dormael, Vincent Tavier Ayant la liberté comme thématique centrale, "Tango libre" ne pouvait en effet se passer qu’en prison.

JC (François Damiens) est un gardien modèle. Discret, il mène une petite vie de célibataire rangé, un peu terne. Sa seule distraction, c’est son cours de tango, où il rencontre Alice (Anne Paulicevich). Il tombe rapidement sous le charme de cette belle Espagnole Mais le lendemain, il se rend compte qu’elle est la femme de l’un de ses détenus, Fernand, et la maîtresse d’un autre, Dominic, deux amis tombés pour un casse qui a mal tourné Fonteyne retrouve pour l’occasion Sergi López et Jan Hammenecker, qu’il avait fait tourner respectivement dans "Une liaison..." et "Max et Bobo".

Un film libre

Film aussi libre que son sujet, "Tango libre" est sans cesse à la frontière entre comédie dramatique et drame comique. Et il prend le parti de ne jamais choisir, confrontant un Damiens tout en retrait et émotion à la fougue latine de López et au physique brut d’Hammenecker. Tous tournent autour de la même femme, une femme capable de les aimer tous sans distinction, sans hiérarchie. Avec ce triangle amoureux élargi, Frédéric Fonteyne ne s’attaque pas qu’à l’amour libre, il signe une véritable ode à la liberté portée par des comédiens attachants mais aussi par quelques scènes d’où se dégage une vraie énergie, une vraie magie. Comme lorsque tous les détenus d’une prison se mettent à danser le tango ensemble. Peut-on imaginer plus belle image de la liberté que celle-là.

Réalisation : Frédéric Fonteyne. Scénario : Philippe Blasband & Anne Paulicevich. Avec François Damiens, Anne Paulicevich, Jan Hammenecker, Sergi López 1 h 45.


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