Clint Eastwood perd la balle
Clint Eastwood serait-il frappé de sénilité ? Il a tenu cet été un de ses plus mauvais rôles à la convention républicaine. Passe qu’il a soutenu Mitt Romney contre Barack Obama : c’est son droit de citoyen et on a toujours su que l’inspecteur Harry n’était pas centriste et encore moins gauchiste. Mais sa prestation publique à cette occasion était d’abord lamentable sur la forme et le fond.
Publié le 21-11-2012 à 04h15
Clint Eastwood serait-il frappé de sénilité ? Il a tenu cet été un de ses plus mauvais rôles à la convention républicaine. Passe qu’il a soutenu Mitt Romney contre Barack Obama : c’est son droit de citoyen et on a toujours su que l’inspecteur Harry n’était pas centriste et encore moins gauchiste. Mais sa prestation publique à cette occasion était d’abord lamentable sur la forme et le fond.
Mais après avoir juré que "Gran Torino" serait son dernier film comme acteur, il rempile dans "Trouble With the Curve", sans doute par amitié pour le réalisateur Robert Lorenz, qui fut son assistant-réalisateur à de nombreuses reprises. Mal lui en a pris : "GT" aurait été un magnifique chant du cygne, le film bouclant la boucle d’une carrière parfois ambiguë dans ses relents idéologiques mais d’une grande cohérence.
Mais, précisément, Clint a un "trouble with the curve" (titre original de ce film qui sort sur le marché international sous celui plus transparent de "Back in the Game" : scénario, insipide, le voit répéter son numéro de retraité solitaire et bougon qui va en remontré aux petits merdeux aux dents longues. Plus de réflexion sociocommunautaire, ici; pas de regard sur une Amérique ayant perdu ses repères - ce qui aurait pourtant été dans l’air du temps, y compris postélectoral. Juste une bluette familiale où un veuf menacé de cécité, et confronté aux jeunes loups de sa profession de dénicheur de talents, doit se réconcilier avec sa fille unique, négligée depuis trop longtemps, le tout sur fond de base-ball (ce qui n’arrange pas forcément les choses pour le spectateur européen lambda peu au fait des subtilité du sport national américain).
Le ton est doucement populo (rien ne vaut le travail à l’ancienne vs le tout technologique) et démago : après s’être farci une heure et demie d’Amérique blanche, mâle et profonde, on nous sert un happy end féministe et pro-minorités. On croit rêver devant tant d’hypocrisie On s’ennuie surtout devant un scénario téléphoné où la profondeur des personnages tient de la psychologie de diner : trop sucrée et réchauffée.
Réalisation : Robert Lorenz. Avec : Clint Eastwood, Amy Adams, Justin Timberlake, 1h51