Au garage Besson
Ça démarre jubilatoire. Au volant de sa grosse bagnole, Vincent Perez slalome comme un malade dans le trafic parisien du matin. Pestant contre le veau de devant, réglant au portable une délocalisation, chargeant comme une mule sa secrétaire grise de peur, éructant contre la grève de demain. Avec n’importe qui d’autre, la caricature serait sans doute insupportable mais Vincent Perez se glisse avec jubilation dans ce costume sur mesure du patron qu’on adore détester. En père indigne aussi d’ailleurs. Sa fille se marie dans deux jours dans le Midi, et bien sûr, cela lui était sorti de l’esprit; un contrat de 80 millions d’euros avec les Russes occupant tout l’espace disponible de son cerveau.
Publié le 09-01-2013 à 04h15
Ça démarre jubilatoire. Au volant de sa grosse bagnole, Vincent Perez slalome comme un malade dans le trafic parisien du matin. Pestant contre le veau de devant, réglant au portable une délocalisation, chargeant comme une mule sa secrétaire grise de peur, éructant contre la grève de demain. Avec n’importe qui d’autre, la caricature serait sans doute insupportable mais Vincent Perez se glisse avec jubilation dans ce costume sur mesure du patron qu’on adore détester. En père indigne aussi d’ailleurs. Sa fille se marie dans deux jours dans le Midi, et bien sûr, cela lui était sorti de l’esprit; un contrat de 80 millions d’euros avec les Russes occupant tout l’espace disponible de son cerveau.
Bref, l’horaire s’annonce chargé pour le wonder boy au volant d’un road movie Paris/Avignon assez classique jusqu’à la panne d’essence. Là, se produit un phénomène étrange. D’une part, le film perd toute forme d’intérêt mais de l’autre, on a le sentiment d’assister à une mutation du cinéma.
Certes la pratique du placement de produits est désormais banale et bien connue du spectateur. C’est d’ailleurs un poste parmi les autres dans le plan de financement d’un film. Du temps de Pierce Brosnan, 007 avait même quitté le MI6 pour devenir VRP en bagnole, champagne et produits capillaires. Toutefois, avec "Un prince presque charmant", on inaugure l’étape suivante. Le produit est le moteur du récit, le moteur électrique même puisqu’il s’agit de promotionner Zoé, la voiture électrique de chez Renault. Et de la faire traverser des paysages peints par Cézanne, d’installer une jolie blonde à côté du conducteur, de montrer que son autonomie réduite peut parfois présenter des avantages inattendus, etc.
Concentré sur son cahier de charges, focalisé sur son produit, Philippe Lellouche, concessionnaire au garage Besson, en néglige un peu son récit, délaisse parfois les dialogues, au point de court-circuiter Vincent Perez. Comme celui-ci ne dépasse plus les bornes, il est tout de suite beaucoup moins intéressant, devient même limite gnangnan dans une rom-com telle qu’on en produit à la chaîne dans les usines de montage cinématographique. Dommage pour Perez, qui a manifestement du potentiel mais cherche toujours un véhicule à la mesure de son talent.
Réalisation : Philippe Lellouche. Scénario : P. Lellouche sur une idée de Luc Besson. Avec : Vincent Perez, Vahina Giocante, Jacques Weber 1h28.