Il y avait un pilote dans l’avion

Pour fêter son retour au cinéma avec des acteurs de chair et de sang, Robert Zemeckis nous gratifie d’un plan d’ouverture où déambule une superbe créature dans le plus simple appareil. Le réalisateur de "Retour vers le futur" et de "Forrest Gump" rappelle ensuite dans un premier quart d’heure époustouflant qu’il sait toujours manier caméra, montage et effets spéciaux. On y suit le dernier vol du commandant Whip Whitaker, pilote de ligne, ancien de la Navy, qui, avant de décoller, sait comment s’envoyer en l’air - avec une copine hôtesse de l’air, quelques litres d’alcool et deux ou trois lignes de coke. Il plane donc très haut, notre pilote, ce matin-là, ce qui ne l’empêche pas de mener avec brio son Boeing hors d’une zone de turbulences puis, suite à un incident technique, de sortir son appareil d’un piqué, moyennant une manœuvre délirante. Malgré le crash consécutif, Whitaker sauve 96 âmes sur 102.

A.Lo.

Pour fêter son retour au cinéma avec des acteurs de chair et de sang, Robert Zemeckis nous gratifie d’un plan d’ouverture où déambule une superbe créature dans le plus simple appareil. Le réalisateur de "Retour vers le futur" et de "Forrest Gump" rappelle ensuite dans un premier quart d’heure époustouflant qu’il sait toujours manier caméra, montage et effets spéciaux. On y suit le dernier vol du commandant Whip Whitaker, pilote de ligne, ancien de la Navy, qui, avant de décoller, sait comment s’envoyer en l’air - avec une copine hôtesse de l’air, quelques litres d’alcool et deux ou trois lignes de coke. Il plane donc très haut, notre pilote, ce matin-là, ce qui ne l’empêche pas de mener avec brio son Boeing hors d’une zone de turbulences puis, suite à un incident technique, de sortir son appareil d’un piqué, moyennant une manœuvre délirante. Malgré le crash consécutif, Whitaker sauve 96 âmes sur 102.

"Flight" aurait pu être le récit de la fabrication d’un héros malgré lui. Ou celui, politiquement incorrect, interrogeant la règle (ou la morale) face aux faits. Whip, tout alcoolique qu’il est, a bel et bien réagi en professionnel chevronné, sans paniquer ni commettre aucune erreur de jugement. Peu avant l’audition du pilote par la commission d’enquête, une scène manque de peu de porter le film au pinacle de l’audace, lorsqu’un avocat et un syndicaliste n’ont d’autre choix que de faire appel à un dealer (John Goodman, très "Dude") pour remettre sur pied leur protégé. Mais nous sommes aux États-Unis, dans un film de studio : la bigoterie, la vérité et la rédemption restent une Sainte Trinité puritaine avec laquelle on ne badine pas. Alors que durant près de deux heures, le doute sur le positionnement profond du scénario, où il est question avec une régularité systémique de Dieu et des voies impénétrables, était permis, la dernière séquence ne laisse aucun doute - à se demander si les Alcooliques anonymes n’ont pas purement et simplement sponsorisé ce spot de sensibilisation géant. Comme tonton Oscar, on sauvera du crash les acteurs, tous impeccables, de Denzel Washington, en épave arrogante, à Don Cheadle en passant par Kelly Reilly, inattendue en fille perdue retrouvant souffle au contact de plus cabossé qu’elle.

Réalisation : Robert Zemeckis. Scénario : John Gatins. Avec Denzel Washington, Kelly Reilly, Bruce Greenwood, Don Cheadle, 2h18

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