Crise de foi
Ayant réchappé de peu à une exécution dans la jungle argentine grâce aux sacrifices des paysans qu’il aidait, Nicolas (Jérémie Renier), missionnaire belge, doute de sa vocation et de son utilité. Il débarque dans un quartier pauvre de Buenos Aires où l’accueille son vieil ami Julian (Ricardo Darin). Ce dernier tente, tant bien que mal, d’aider la population locale, tout en évitant de frayer avec les gangs narcotrafiquants se disputant le contrôle du barrio et en refusant de servir d’indicateur à la police. Ce quartier vit à l’ombre de l’"Elefante Blanco" - l’éléphant blanc, projet pharaonique qui aurait dû être un hôpital au service de toute la communauté, mais qui n’est qu’un chancre inachevé qui sert d’abri aux jeunes toxicomanes. Petit à petit, Nicolas découvre les codes maintenant un fragile équilibre dans une poudrière sociale potentielle. Surtout, il commence à éprouver de bien peu chastes désirs pour Luciana (Martina Gusman), assistante sociale courageuse. Sur les traces de celle-ci, dans le dédale du "bidonville de la Vierge", Nicolas va pourtant s’impliquer pour des habitants dont les enfants s’entre-tuent pour les narcotrafiquants, et qui sont régulièrement persécutés par la police.
Publié le 13-03-2013 à 04h15
Ayant réchappé de peu à une exécution dans la jungle argentine grâce aux sacrifices des paysans qu’il aidait, Nicolas (Jérémie Renier), missionnaire belge, doute de sa vocation et de son utilité. Il débarque dans un quartier pauvre de Buenos Aires où l’accueille son vieil ami Julian (Ricardo Darin). Ce dernier tente, tant bien que mal, d’aider la population locale, tout en évitant de frayer avec les gangs narcotrafiquants se disputant le contrôle du barrio et en refusant de servir d’indicateur à la police. Ce quartier vit à l’ombre de l’"Elefante Blanco" - l’éléphant blanc, projet pharaonique qui aurait dû être un hôpital au service de toute la communauté, mais qui n’est qu’un chancre inachevé qui sert d’abri aux jeunes toxicomanes. Petit à petit, Nicolas découvre les codes maintenant un fragile équilibre dans une poudrière sociale potentielle. Surtout, il commence à éprouver de bien peu chastes désirs pour Luciana (Martina Gusman), assistante sociale courageuse. Sur les traces de celle-ci, dans le dédale du "bidonville de la Vierge", Nicolas va pourtant s’impliquer pour des habitants dont les enfants s’entre-tuent pour les narcotrafiquants, et qui sont régulièrement persécutés par la police.
Pablo Trapero brasse large dans un film ambitieux, tourné dans le décor réel de son action - car il y a de l’action, de la tension et de la passion dans ce film. Hésitant entre romanesque et réalisme, le scénario en fait trop dans l’un, ou pas assez dans l’autre, mais souligne - comme d’autres films de la section cannoise "Un Certain Regard", où il fut présenté en mai dernier - combien le temps des utopies est révolu et qu’à l’heure des comptes, le bilan n’est pas satisfaisant, aussi sincères soient les engagements.
Mais ainsi en va-t-il aussi de la mise en scène de Trapero, qui dégage d’abord une énergie authentique pour devenir plus artificielle dans le dernier quart d’heure, malgré l’excellence de son trio d’acteurs principaux. Pivot du récit, Jérémie Renier, en espagnol dans le texte, démontre une nouvelle fois toute l’étendue de sa palette de comédien, apportant au père Nicolas une réelle profondeur, traduisant avec subtilité, tantôt doute fébrile, tantôt froide détermination, jusqu’à une rédemption inattendue.
Réalisation et scénario : Pablo Trapero. Avec Ricardo Darin, Jérémie Renier, Martina Gusman 1h50.
Nous publierons un entretien avec Jérémie Renier dans nos éditions du 16 mars.