Borgman, comédie noire signée Alex Van Warmerdam

Déjà sélectionné à Un Certain Regard avec Little Tony en 1998, Alex van Warmerdam, marque son entrée en compétition avec Borgman.

Fernand Denis, à Cannes
Borgman, comédie noire signée Alex Van Warmerdam
©D.R.

L'auberge n'est pas espagnole, elle est hollandaise, posée à l'orée d'un bois, ultra-résidentielle,tout en verre et béton. ailleurs, ce n'est pas une auberge mais une villa contemporaine, mega-design, archi-tecturée. Un clodo sonne. Il demande s'il peut prendre un bain. Le proprio referme la porte. Le clodo insiste, monte un début d'embrouille et se voit offrir une raclée. Choquée l'épouse veut soigner le malheureux mais il disparu.

Alors que les trois têtes blondes enfants sont couchées, le mari reparti au boulot, elle sent une présence. Le clodo réapparaît. Pour se faire pardonner, elle lui propose le bain et le vin et l'abri au fond du jardin. Pour quelques jours, à condition de ne pas mettre les pieds dans la maison. Il n'est pas du genre obéissant.

Mais qui est-il au juste? Dans la scène inaugurale, on l'a vu sortir d'une sa cachette sous terre, échappant de justesse à la traque d'un prêtre armé d'un fusil et de deux skinheads. Est-il le bien, le mal, Jésus, le diable, le désir, la mauvaise conscience, la peur, le chaos, la mort, le passé, le futur, un brigand... La liste n'a rien exhaustif. En plus, il n'est pas seul. Il a des complices: deux hommes, deux femmes. Qui s'activent à un drôle de trafic. D'âmes? D'organes? Et leur sens de l'humour est mortel: faut les voir préparer les entretiens d'embauche. Et graphique: faut les voir empoter les cadavres.

Si on a parlé d'auberge espagnole, c'est que chaque spectateur est invité à amener ses obsessions, ses névroses, et aussi parce que le fantôme de Buñuel hante les lieux. L'ambiance est surréaliste Des symboles, des métaphores, des clefs sont mis à la disposition du spectateur pour se faire son petit film, en quatrième dimension (celle de l'inconscient), une comédie noire qu'on pourra intituler « Le charme arrogant des nouveaux riches. »


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