Ce film qui se met une partie des chrétiens et des musulmans à dos
Très attendu par les amateurs de gros effets spéciaux, le dernier film du talentueux Darren Aronofsky crée déjà la polémique... avant sa sortie en salles.
Publié le 27-03-2014 à 11h24 - Mis à jour le 28-03-2014 à 15h17
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Qui a dit que tous les blockbusters hollywoodiens n'étaient que de sombres navets consensuels ? Pas Darren Aronofsky, dont le prochain projet, pharaonique, s'est déjà attiré foudres de deux communautés religieuses, jusqu'à se voir interdit dans plusieurs pays. Le réalisateur de Black Swan et The Wrestler présentera demain aux Etats-Unis sa dernière oeuvre en date, une biopic sur la vie de Noé avec des acteurs tels que Russel Crowe ou encore Anthony Hopkins (vu dans les cultissimes Silence des Agneaux et Elephant Man, ou encore dans l’insupportable Rencontre avec Joe Black), et Jennifer Connelly (qui a déjà donné la réplique à Crowe dans Un homme d'exception). Un long-métrage doté d'un budget de 130 millions de dollars qui fait déjà parler de lui, à la veille de sa sortie US. En effet, tout le monde n'apprécie pas de voir porter à l'écran une vision personnelle de la vie de celui qui fut appelé par Dieu à sauver sa famille et les espèces animales du terrible déluge. A commencer par les fervents chrétiens du National Religious Broadcasters, une association suffisamment puissante pour faire plier la Paramount. La société de production a du accoler un message d'avertissement, expliquant que "bien que'une liberté artistique ait été prise, [ils] estimaient que le film était fidèle à l'essence, aux valeurs et à l'intégrité d'une histoire qui constitue une pierre angulaire de la foi de millions de personnes dans le monde". Tout en rappelant que "l'histoire biblique de Noé est disponible dans le livre de la Génèse" et que le film n'est qu'"une interprétation imaginative des Saintes Ecritures, et non pas une vision littérale".
S'il s'attendait à une telle controverse, Russel Crowe regrette malgré tout que les choses soient allées aussi loin. Selon l'acteur néo-zélandais, voir ce film permettra au public de véritablement tester sa propre connaissance de la Bible. "Beaucoup de gens pensent connaître cette histoire", déclare-t-il dans le Telegraph. "Mais ce qu'ils expliquent à leurs enfants pendant le catéchisme n'est pas conforme à ce que dit ce livre".
En outre, l''inoubliable Gladiator de Ridley Scott regrette ce qu'il appelle une occasion manquée de dialoguer autour de la religion. "C'est l'un de buts principaux du film. Que l'on ait la foi ou pas, il est intéressant d'en parler", ajoute-t-il. Toutefois, le film semble avoir la bénédiction du Vatican. Présent à Rome fin de la semaine dernière, le comédien annonce avoir été invité à assister à une audience papale sur la place Saint-Pierre. "C'était très gentil, au vu de tout le bruit qu'il y a eu autour du film. Je pense que le pape François a prouvé qu'il était cohérent entre ce qu'il dit et ce qu'il fait."
Pris en grippe par un groupe de chrétiens, banni par certains pays musulmans, le film ne devrait toutefois pas susciter une polémique aussi vive que celle qui frappa La Passion du Christ de Mel Gibson il y a dix ans. Un film qui reste toujours l'un des plus gros succès au box-office US, malgré des critiques plus que mitigées de l'autre côté de l'Atlantique. Et dont la sortie avait été tolérée en 2004 par les même Etats qui interdisent aujourd'hui celle de Noé. Comprenne qui pourra.