"Sin City : A Dame to Kill For": Eva Green, femme léthale
L’actrice tire son épingle du jeu répétitif de la saga noire de Rodriguez et Miller. Elle paie de ses formes en femme forcément fatale : les yeux verts saturés à la palette graphique, la plastique sublimée et dénudée à chaque plan. Critique.
Publié le 16-09-2014 à 17h43
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L’actrice tire son épingle du jeu répétitif de la saga noire de Rodriguez et Miller.Robert Rodriguez, sale gamin du cinéma d’exploitation, en rupture de ban de l’association américaine des réalisateurs, et Frank Miller, star du comic book, reconverti chantre anarcho-facho de l’hyper-violence white-trash, remettent le couvert et les flingues dans "Sin City", adapté de la saga graphique noire de noir du second.
On ne change pas une équipe qui cogne : Mickey Rourke rendosse l’imper et les prothèses de gueule cassée de Marv, Jessica Alba rejoue du fouet, Bruce Willis fait une apparition fantomatique, Rosario Dawson ondule des hanches et de l’Uzi, Power Boothe incarne toujours la corruption politique jusqu’à la moelle…
Et rallonge la dose de quelques arguments trendy : Josh Brolin en nouveau dur à cuire romantique, Dennis Haysbert en chauffeur dominateur, Joseph Gordon-Levitt en belle gueule à casser ou Juno Temple dans son rôle d’allumeuse candide. Lady Gaga vient même servir le café.
Mais l’argument chic et (pare-)choc, c’est Eva Green, qui paie de ses formes en femme forcément fatale : les yeux verts saturés à la palette graphique, la plastique sublimée et dénudée à chaque plan. Son aura auburn s’en étendra encore un peu plus outre-Atlantique.
Pour le reste, la partition ne varie pas d’une note crépusculaire avec voix off omniprésente, esthétique stylisée, personnages stéréotypés et un manichéisme répondant à la doxa binaire de Frank Miller. Les riches sont tous pourris ou pervers. Les roturiers forcément nobles et courageux. Les filles putes et soumises ou maîtresses et guerrières. C’est noir ou c’est blanc, point barre.
La prouesse technique épate toujours, la narration atonale et pléonastique lasse et le nihilisme du tout glace les sens et le sang. Les fans - hardcore forcément - hurleront au génie, les autres se pinceront le nez. Nous, on préfère le replonger dans les planches, à la puissance narrative et graphique inégalée.
Réalisation et scénario : Roberto Rodriguez et Frank Miller. Avec Eva Green, Josh Brolin, Joseph Gordon-Lewitt, Power Boothe, Rosario Dawson,… 2h.